dimanche 30 novembre 2014

L'accroche

Avertissement cet article comporte des scènes de Description d'un abattoir 

Récit avec épisodes multiples

(Quand il se raconte, le réel est une fiction commme une autre)

L'année suivante je représentais ma candidature pour travailler l'été, dans la même usine. Je fus repris, dans le même atelier.  Le premier jour je pris la peine de rassurer les deux collègues qui arrivaient en même temps que moi et pour qui c'était le premier jour, en mode «  T'en fais pas. Ce n'est qu'un boulot pénible, long et chiant ». Au bridage je retrouvais presque mes aises. Les cadences à 1 000 dindes à l'heure pour les gros calibres à 8 kg qui pouvait s'accélérer jusqu'à 1 600 quand on passait sur de petits calibres.L'abattoir poulet lui, pouvait monter jusqu'à 7 000 poulets/ heure et tournait d'ordinaire à 5 000.

Un lundi matin au bout d'une heure de travail,  le chef arriva au bridage «  Il me manque un homme à l'accroche. Je te prends à la place ». Comme d'habitude ce genre de remarque laissait assez peu de chance à la négociation. Je le suivis au vestiaire. On me gratifia de deux tenues " pour que tu puisse te changer à la pause". Un collègue enfilait une sorte de gilet à scratch. Je lui demandais pourquoi il avait besoin d'un gilet pare-balles pour travailler dans une usine. 
" Andouille. C'est un corset "

Lorsque nous traversâmes la cour, harnaché de larges tabliers nous couvrant jusqu'au pied et de masques sur la bouche on était à peu près au point de vue swaggance au niveau d'un Western de F3 Bretagne, un peu de bruine, le cri des mouettes, l'image du Mont Saint Michel au fond.

C'était un grand hangar avec de chaque côté des rampes électrique. Nous grimpâmes tous les 4. Un camion entra dans le hangar. Il transportait 4 rangées de clapiers remplis de dindes. En voyant la gueule des clapiers je murmurais qu'elles étaient quand même bien serrées. Mon collègue déclara qu'il avait moins de place pour ranger ses pompes qu'il n'y en avait dans ce casier. Patrick appuya sur un bouton et la rampe monta au niveau de la dernière rangée. Chacun se pencha légèrement pour ouvrir le clapier en face de lui puis avança la main et saisit aussitôt une dinde par les pattes pour l'accrocher sur la chaîne. Il ne me restait plus qu'à faire pareil. Il fallait opérer rapidement pour éviter que la bestiole apeurée ne vous coince les mains en pliant ses pattes ou ne vous frappe par ses coups d'ailes. Tout ceci avec le glougloutement des volatiles mais aussi les odeurs, beaucoup lâchaient tout ce que contenait leurs entrailles. Ça sentait la volaille, la merde. Tout cela vous remontait aux narines avec de la poussière et des plumes. Je tentais de rajuster mon masque. Au bout de 10 secondes j'avais de la buée sur les lunettes, en plus de la poussière. Et il fallait pourtant tenter de prendre le rythme. Au bas du camion le chef gueulait parce qu'il y avait des trous sur la chaîne. Je me battais. Contre les dindes, la poussière, la cadence, l'odeur, cette sensation de ne rien contrôler et de n'avoir que des gestes malhabiles qui manquaient à chaque fois leur cible. Sur une chaîne, une erreur ne se rattrape pas. Elle vous porte en arrière et en plus de devoir lutter pour ne pas se laisser de nouveau emporter il vous faudrait fournir un nouvel effort pour reprendre sa place. Peine perdue. C'était pas ma guerre. Je regardais l'horloge. J'avais déjà fait 15 minutes. Je tentais de prendre le geste. Se baisser au niveau du clapier que l'on avait ouvert, découvrir les dindes, à qui ne venait presque jamais l'idée de s'échapper, en choisir une, la saisir par les pattes, s'y cramponner fermement sans lui laisser la possibilité de vous coincer les doigts tout en se retournant vers la chaîne, d'un geste ferme l'ajouter au lot de dindes en prenant soin que les pattes aillent jusqu'au fond des crochets. Recommencer. A cette bataille de chaque instant j'étais mauvais. Mon voisin me criait que je m'y prenais comme pour tuer mon père. Je ne savais pas que ce type de sacrifice doive se faire plusieurs milliers de fois chaque jour ouvrable. A la fin de la journée je descendis de la rampe en m'étirant, découvrant  des muscles qui m'avaient toujours échappés et des douleurs correspondantes. Dans le vestiaire mes collègues, rigolards, tout en retirant tenue et corset faisaient quelques remarques goguenardes à propos de ma virilité sur laquelle il avaient quelques doutes. Cela leur paraissait d'une certaine importance. Pour ma part je n'avais envie que d'un rocking-chair, du vinyle de Brel à l'Olympia et de mes 40 annuités de retraite.

Je sortis de l'usine bien plus tôt que le collègue qui me ramenait d'habitude. J'étais bien trop vanné pour prendre la peine de l'attendre. Je me mis à faire du pouce. Une voiture s'arrêta. Je grimpais. Installé confortablement sur mon siège je n'avais plus envie que d'une sieste. Malheureusement en plus de conduire mon chauffeur voulait discuter. Il m'arrache quelques réponses sur le fait que oui je travaillais bien à l'usine. Il compatis à mon malheur durant tout le voyage. Il était enseignant et n'avait jamais travaillé en usine mais avait vu quantité de reportages sur le sujet et cela lui permettait visiblement d'avoir beaucoup à dire. Je l'écoutais d'une oreille distraite en luttant contre le sommeil.  " Vous savez, en Bretagne quand on ne trouve pas de travail on va à l'usine. C'est comme çà " Me voir dodeliner de la tête devait paraître un acquiescement. Arrivé à l'entrée de ma bourgade la voiture ralentissant me tira de ma torpeur
" Et en plus, il doit y avoir beaucoup de racisme dans cette usine. Avec la quantité de noirs que je vois en sortir".
 Je me dressais sur mon siège, il tourna la tête 
" Euh, je vais descendre là en fait. J'ai des courses à faire dans le coin ".

 En voyant sa voiture redémarrer je soupirais, navré. J'avais bien réussi une journée de merde.

samedi 22 novembre 2014

Du Café

[Avertissement au lecteur : Cet article comporte des scènes de description d'un abattoir de volaille]


( Récit avec épisodes multiples )

[Quand il se raconte, le réel est une fiction comme une autre]





C'est le travail qui m'a donné goût au café. J'avais ces 18 ans qui ne vous arrivent qu'une fois. Comme mes frères et soeurs j'avais consacré dès mes 16 ans une partie notable de mes étés à ramasser des pommes de terres ou des framboises. Je fêtais ma majorité en commencant dans une usine, au mois de juillet. On a bien les vacances qu'on peut.  Elle  embauchait à 7 h.  Cela me réveillait à 5 h 30. Il me fallait bien du café pour m'arracher au sommeil à des heures dont je n'avais encore jamais soupçonné l'existence. Lorsque je me glissais hors de la maison en prenant soin de ne réveiller personne, la rue n'appartenait qu'à quelques chats qui paressaient sur le trottoir en faisant sur leur toilette, voire peut être un livreur de journaux. Sur ma route il n'y avait que quelques voitures et un troupeau de vaches sommeillantes. Ceci si inanimé que ca me semblait un décor jusqu'à ce qu'un poids lourd passe si près de moi qu'il me fasse profiter d'une flaque d'eau. Au cas où mon bol de café et ces  quelques coups de pédales ne soient parvenus à me réveiller.


L'usine était constitué de deux longs bâtiments massifs et dont les cheminées fumaient déjà se faisaient face, avec la station d'épuration attenante. Il n'y avait encore que quelques camions dans la cour qui les séparaient. Certains ramenaient déjà des volailles entassés à plusieurs dans de petits casiers et qui caquetaient dans des odeurs de fiente et de frousse. Je mis un moment avant de trouver à qui demander mon chemin.  Un chauffeur savourait son café en attendant que son camion soit déchargé.
" Tu viens bosser à quel atelier ? "
" Ben, je crois que c'est à l'abattoir Dinde"


Il me fit signe de le suivre dans un vestiaire. Une grande pièce avec 3 rangées de casiers alignés face à des chauffes-bottes. 
" Bon. Tu mets ta tenue et tu attends ton chef "
" Mais je la prends où moi, cette tenue ? " 
" Tu n'as pas reçu de tenue quand t'es venu hier ?  Mais le vestiaire est fermé à cette heure ci ! "
" Mais je ne savais pas qu'il fallait passer la veille. L'agence m'a juste dit de me pointer à 7 h 15 " 

Dans le vestiaire quelques ouvriers rentraient déjà et commençaient à se changer tout en observant notre manège avec curiosité et amusement. Après un moment de flottement quelqu'un sortit de je ne sais quel recoin une tenue assemblant une veste trop large et un pantalon trop petit dont je me fagotais tant bien que mal. Ma journée de travail n'était pas commencée et
je faisais déjà la blague, tirant à chaque instant sur mes manches pour dégager mes mains et tentant de donner une forme décente à mon pantalon.


Mon chef était arrivé. Il ne poussa qu'un soupir devant mon accoutrement et m'entraîna à sa suite. Entré dans l'atelier je me figeai un instant devant la scène. C'était tout d'abord un souffle d'air chaud, l'odeur du sang et de la bidoche,  un vacarme du tonnerre. Je voyais
les dindes que j'avais aperçu en arrivant déjà déplumées et suspendus par les pattes à des crochets sur une chaîne qui progressait, inexorable. Deux ouvrières armées de larges lames pratiquaient une large incision au niveau du croupion, à leur suite leurs collègues plongeaient à l'intérieur une main simplement couverte d'un gant Mapa pour en ressortir les entrailles qui étaient aspirées dans des tuyaux. Le chef était revenu sur ses pas et me fila une bourrade pour m'arracher à ma contemplation.
"Tu vas te mettre au bridage. Je vais te montrer"

Je le suivis, trottinant comme un jeune chiot, découvrant partout bruits et odeurs
nouvelles. Nous grimpâmes quelques marches pour nous installer autour d'une petite table en métal. Au dessus de nous planait la chaîne où les premières dindes nous avaient suivis. Juste avant la table une grande scie circulaire tranchait les pattes l'une après l'autre avant que les volailles ne tombent sur notre table. Luc agrippa d'une seule main la première dinde par la cuisse, plia d'un geste ferme les pattes avant de les glisser sous la bande de peau au dessus du croupion puis lança le volatile dans une grande cuve remplie de flotte. Je tentais de faire de même. Il me fallait déjà parvenir à en attraper une. Cela exigeait de la saisir au moment précis où elle tombait pour éviter qu'elle ne glisse non bridée jusqu'au bac. Il me fallu un moment pour saisir que l'essentiel dans cette affaire n'est pas tant de se précipiter continuellement. C'est vouloir courir le marathon comme un sprint, on s'y essoufle bien vite. Il faut apprendre à faire à chaque instant les bons gestes, machinalement. Une collègue devait bien faire une tête de moins que moi et parvenait à toujours brider ses dindes plus vite, tout en discutant avec son voisin des commerces qui restaient encore dans sa commune. Il me fallut bien au moins une journée pour parvenir à ne plus courir après la cadence mais seulment une heure avant qu'un collègue, apitoyé à foce de me coir continuellement tirer sur mes manches trop longues pour m'offrir un élastique pour les fixer. Le soir j'avais les bras qui me tiraient et mal aux pouces à force de pousser sur les croupions pour les caser sous les pattes. Le métier rentrait, à force. Lorsque je demandais à mon chef si je ne pouvais pas tourner sur un autre poste, il se contenta d'éclater de rire.
Pourtant le lendemain, comme les jours suivants, j'étais de nouveau à mon poste. Je me mis à prendre le rythme. Les 7 à 8 h de travail chaque jour. 2 pauses, une de 10 minutes pour pisser, une de 20 minutes pour engloutir un sandwich. Je fis connaissance avec mes collègues qui pouvaient calculer, sur un simple coup d'oeil à la feuille indiquant les lots de volailles qui seraient abattus dans la journée et en tenant compte de la cadence et des pannes rituelles à quel heure l'atelier terminerait. Savoir si il vous restait à tenir une heure ou 15 minutes cela vous changeait une fin de journée.




C'était le dernier jour de contrat. Aussi longues et monotones que furent les heures elle eurent l'une après l'autre une fin. Dans la voiture qui nous ramenait ma collègue et moi à la maison, je savourais de me sentir enfin en vacances, pensais à ce réveil que j'allais enfin pouvoir désactiver et surtout jetais mille plans sur autant de comètes avec ces deux mois de salaire que j'avais si laborieusement gagné. C'est que ma bourse d'étudiant payerait déjà une part du loyer de ma chambre de cité U, je sortais du lycée et n'avais jamais encore découvert de facture d'électricité ou de téléphone qui me soit adressé. Cet argent de poche, sur ces 4 kilomètres de trajet en voiture, il se peut bien que je l'ai dépensé 1, 2, 3 fois  à acheter le tout premier CD de Eels,  monter à Paris voir une mise en scène de Peter Brook, acheter les mémoires de Casanova sorti en intégrale chez Bouquins. Profiter.




C'est alors que ma conductrice ouvrit la bouche, sans m'en avoir prévenue. Elle parlait avec une forme de précipitation, d'urgence. Pour elle la fin de ce contrat signifiait tout bonnement  le chômage. Elle s'était pourtant efforcée tout ce temps de satisfaire à toutes les consignes, voire même souvent de les devancer.Tous ses efforts étaient plein d'espoirs. Et à la fin de la journée son chef lui avait dit de ne pas oublier de rendre ses bottes et l'étiquette de son casier au vestiaire. Et surtout tout ceci, ses projets fracassés, cette sensation qu'elle avait échoué, encore, elle les concentrait dans une seule question, évoquant ses parents qu'elle allait retrouver pour un repas de famille " Comment je vais leur dire ? " comme une collégienne rentrant chez elle avec une mauvaise note. Honteuse, à 42 ans. Au moment où la voiture s'arrêta au rond-point j'avais déjà la main sur la poignée. Pourtant elle continuait à parler, en boucle. Je ne savais pas du tout quoi lui répondre, sentant seulement que les quelques plans que j'avais tiré sur mon salaire ne lui serviraient de rien. Je fus sauvé par les klaxons des voitures derrière qui s'impatientaient. Je bafouillais un «  Bon courage »  confus et m'extirpais de sa voiture. Lorsque je me retournais après avoir ajusté ma capuche pour me couvrir de la bruine elle avait déjà démarré en trombe et filait. J'étais en vacances. Elle était chômeuse.

mercredi 11 juin 2014

Démontage de God'Art

Cher Jean Luc,

J'ai appris ce soir la déclaration un peu confuse que tu as livré au Journal Le Monde selon laquelle tu te réjouissais plutôt que le FN soit arrivé en tête des dernières élections européennes et que tu recommandais même à François Hollande de nommer Mme Le Pen à Matignon.  Je pourrais te faire remarquer que tu es bien suisse pour croire que d'aller à Matignon passe par la route de Strasbourg mais je t'avoue que tout ceci me peine, infiniment et que çà me fait même un peu dégueulasse. 

Je suis un tout petit peu cinéphile. C'est à dire que des fois je vois des films et que çà m'en rappelle d'autres et que çà prépare les prochains que je vais voir. Pourtant je n'ai même pas vu tous tes films, alors que de Tarantino à Carax en passant par tant d'autres faut bien reconnaitre que tu as déjà laissé une belle trace parmi les professionnels de la profession.  Pourtant ce manque c'est plutôt quelque chose qui me réjouit. Me dire qu'il me reste plein de Godard à voir. Voir sauve qui peut la vie. Voir La Passion. Voir soigne ta droite. Etc...

Et puis aussi il y a certains de tes films dont j'ai entendu parler à travers des anecdotes et c'est comme s'ils existaient déjà. Je crois que tu en parlais dans tes interviews qu'à ton époque de fils des musées et de la cinémathèque beaucoup de films n'existaient qu'à l'état de légende. Combien avaient vu La nuit du Chasseur ou tant d'autres ?  Ben même à notre époque d'enfants des vidéo clubs et des Internets on n'a pas forcément tout vu.
Il y a un film que tu as tourné avec Alain Delon, Nouvelle vague. Pour son côte parfumeur suisse à l'époque je suppose. Un pote m'avait raconté que durant le tournage Le Delon avait refusé mordicus de monter dans un tacot parce que le standing vous comprenez. Tu ne t'étais pas démonté me racontait mon pote et avait fait monter un âne dans le tacot. Un âne à la place de Alain Delon. Je ne sais même pas si l'anecdote est vrai. Peut être que non. Parfois nos potes nous racontent des conneries. Ce sont des potes. Mais pendant des années en revoyant Delon je repensais à cet âne. Maintenant je me rends compte que tu viens de suivre cet âne toi aussi. Ca fait peine et ca me fait même un peu dégueulasse.

Tu vois là j'ai un peu regardé ta fiche Wikipédia pour essayer de comprendre. Ca raconte que jeune homme t'avais un peu le goût du vol, voler ta famille, tes proches, tes patrons. Et j'aime bien cette idée que ton cinéma ait consisté à aller dérober dans la littérature, le cinéma des autres, la peinture, des formules, des idées, des concepts, les malaxer, les triturer, les remonter à ta manière et nous les offrir.  Pour nous offrir l'époque et un cinéma qui ne parle pas que des coucheries mais aussi du fait que comme c'est dit dans  Forever Mozart  " la guerre c'est faire entrer des morceaux de fer dans des morceaux de chair ".  C'est pas trop mal qu'il y ait un cinéma pour ca. Pendant qu'il est trop tard comme dirait Carax.

Je me souviens aussi de cette belle scène que tu nous avait offerte aux Césars en 1997. A l'époque de jeunes cinéastes Desplechin, Ferran et tant d'autres avaient lancés une pétition contre un projet de loi de Debré pénalisant les personnes offrant l'hospitalité à des étrangers. Tu avais expliqué simplement que ces cinéastes avaient fait du montage en rapprochant ce projet et un texte du régime de Vichy et que c'était l'honneur du cinéma de rapprocher les faits pour interroger les spectateurs. Il s'était passé un truc de l'ordre de la transmission et de l'adoubement. Tous ces mots que tu disais ca inspirait plein de sentiments, comme dirait Anna Karina.

Parce que le cinéma disait un de tes personnages dans le petit soldat  " c'est la vérité vingt quatre fois par seconde ". Ben elle est belle ta vérité de faire mine de croire que soutenir une leader d'extrême droite ca va jouer un joli bordel et que ce sera rigolo.Il est où le Godard qui envoyait des missives assassines à Malraux lorsque le film la Religieuse était censuré quand tu feins de t'acocquiner avec des gens pour qui rien que les résumés  de tes films, Le petit soldat, Socialisme....inspirent où le malaise où la frayeur ? Tu imagine sérieusement pour ton dernier film Adieu au langage que les files d'attente soient composés de gens qui discutent entre eux du fait que les métèques ca commence à bien faire parce que ta déclaration les aura attiré ? Tes films valent mieux que çà Jean Luc que des gens qui reprendront peut être le métro en écrivant mort aux juifs, avec ou sans fautes d'orthographe.


Je crois que dans l'affaire il faudrait que ce soit Agnès Varda qui t'envoie une lettre, peut être qu'elle le fait déjà, pour te dire ce que te disait Truffaut il y a quelques années de cela parce que tu avais bien bien déconné et qui devais commencer par un truc du genre " Jean Luc laisse moi te dire que tu es un salaud ". Parce que sur ce coup là Jean Luc ce que tu nous as fait c'est bien bien dégueulasse.






jeudi 29 mai 2014

Il était 18 h 47,

Il était 18 h 47  lorsque  Madame Michel 38 ans 3 enfants, caissière de son état qui arrivait au bout de son service de 6 h entamée à 10 h avec une pause de 3h de 12h 34 à 15h 27, assomma avec un grille pain de marque française M Vachval.

Selon les divers témoignages recueillis par nos correspondants sur place la journée se déroulait pourtant comme d'ordinaire. 4 caisses et demis étaient alors ouvertes avec une queue de seulement 7 clients.  M Vachval, retraité de son état, était arrivé dans le magasin à 17 h 46 car c'est l'heure où il peut rencontrer le plus de monde, et avait longuement échangé avec Mlle Sabrina, étudiante en sociologie et démonstratrice au rayon camembert, démontrant un réel intérêt pour sa personne, ses goûts et ses loisirs. Ayant rempli sa liste de courses il se dirigea alors vers les caisses et décida de se placer à la caisse 4 tenu par Mme Michel, caissière à temps partiel, "car elle est plus avenant que les autres quand même". C'est au moment précis où la caissière passa le code barre du grille pain sous la machine enregistreuse que les évènements échappèrent au contrôle. La caisse refusa le code barre pour d'obscure raisons. M Vachval lança une de ses formules rituelles qui font son succès depuis 30 ans " Ah, ben, c'est que ca doit être gratuit ". C'est alors que Mme Michel qui tenait encore à la main le grille pain le brandit pour en asséner un coup sur le crâne chauve de M Vachval.

Selon notre envoyé spécial qui a exploré sa page FB la caissière porterait 1 prénom et celui ci serait à résonance étrangère. Par ailleurs cette Maïwenn proviendrait de Lorient, village qui, nous explique JP Niey Directeur de la Rubrique Tourisme et Baroudage du Républicain Versaillais, et comme son nom l'indique se situe à proximité du Golfe qui porte le nom de la Guerre. Selon ses sources la flotte française y maintiendrait depuis longtemps des navires de guerre et des nageurs de combat pour préserver sa tranquillité.Ceci pourrait donc bien être considéré comme un acte de terrorisme.

Dans un souci d'apaisement La direction de Mochan pourrait rembourser à M Duchval l'intégralité de ses achats, c'est à dire 3 battes de Base Ball, 1 Minute, journal d'opinion dont il apprécie beaucoup les mots croisés, les livres de Oriana Fallaci ou de Jean Raspail. Par ailleursil pourra  bénéficier de promotions sur le rayon pansements et mercurochrome du magasinqui lui serons dédié et que nous aurons l'occasion d'évoquer.



dimanche 25 mai 2014

M Cazeneuve,

                     J'ai appris ce matin que vous avez joué Vendredi dernier sur le plateau de Europe 1 un admirable duo avec votre hôte, M Jean Pierre Elkkabach.  Vous vous êtes tous deux, tout en échangeant comme l'usage le veut quelques piques, penché sur la question de savoir comment empêcher Mme Souad Merah de quitter un pays pour éviter qu'elle ne le menace et comment interdire à une ado de 15 ans et quelques de parvenir à regagner la France où elle  a effectué une partie de ses études. On voit que vous avez tous deux le sens des priorités devant toutes les menaces qui se présentent. La question de la délinquance financière ne fut, il faut bien entre nous le reconnaitre, évoqué que comme un petit agrément.

Mais surtout vous avez déclaré que Mme Dibrani, adolescente de 15 ans et quelques, a intérêt à agir avec Mme Le Pen, leader, je vous le rappelle, d'un parti d'extrême droite et par ailleurs né en 1968.
car c'est " la même outrance, la même manipulation, le même art consommé du mensonge ! Elle font campagne ensemble visiblement ".

M Cazeneuve, je sais que vos qualités de couteau suisse de votre éminent président ne vous ont conduits que depuis peu Place Beauvau. Les portraits qui sont faits de vous s'accordant sur votre capacité à dévorer des dossiers je ne crois pas pourtant que vous pêchiez en la matière par ignorance.
Je dois par contre vous avouez la mienne.

Je ne sais pas comment un ministre de la République peut évoquer la situation des Rroms sans évoquer le fait que 17 milliards d'euros ont été attribués en 6 ans par l'Union Européenne à la France pour permettre l'intégration des Rroms et que cet argent n'a pas été utilisé. Il ne me semble pas que ceci soit le fait d'une adolescente.

Je ne sais pas comment un ministre de la République peut évoquer la situation des Rroms sans évoquer le fait  que ni les pouvoirs publics  ni les élus n'appliquent ni la loi dont une directive de M Jean Marc Ayrault au mois d'août 2012. A vous entendre vous et vos collègues du gouvernement vous semblez avoir découvert un gisement inépuisable de courage.  Malheureusement il ne vous est jamais venu à l'idée d'en user contre les politiques qui s'en prennent aux Rroms, tel votre prédécesseur M Manuel Valls

Je ne comprends pas et dois simplement constater qu'un homme politique considéré comme aussi équilibré que bien mis peut sans le moindre frissonnement mettre sous le même plan la leader d'un parti d'extrême droite et une adolescente que vous offrez en pâture aux auditeurs de Europe 1, sans même prendre la peine de l'appeler par son nom de famille . Je pourrais vous renvoyer à la circulaire de 1945 qui expliquait que, même s'ils commettaient des délits, les adolescents sont avant tout des personnes que la République se doit de protéger. Mais vous avez bien d'autres intérêts à coeur.

Etant le Ministre de l'intérieur  vous allez comme d'ordinaire apparaitre ce soir sur les écrans de télévisions pour annoncer les résultats en France des élections européennes. Il se peut bien que comme les sondages et les commentateurs politiques nous l'annoncent, que ceux ci soient marqués à la fois par une forte montée de l'abstention et une progression sensible de l'extrême droite. Après votre apparition les débats sur les plateaux se feront pour savoir à quoi on doit attribuer ce phénomène. Il se peut bien que la manipulation, le mensonge, la lâcheté de beaucoup y tiennent une part. Vous êtes une personne avisée. Vous avez trouvé bien avant moi de qui il s'agit. Il y a bien pire que le bruit des bottes, le silence de pantoufles.



dimanche 11 mai 2014

Nouveau-Né, Georges De La Tour

Nouveau-Né, Georges de La Tour,
1652 Lunéville, Musée de Rennes,
Saisie Révolutionnaire sur une collection d'émigré.



http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.bretagne-musees.fr/var/ezwebin_site/storage/images/collections-et-dossiers/les-chefs-d-aeuvres/nouveau-ne/2152-1-fre-FR/Nouveau-ne_billboard.jpg&imgrefurl=http://www.bretagne-musees.fr/Les-musees/ILLE-ET-VILAINE/Rennes/Musee-des-Beaux-Arts-de-Rennes/Nouveau-ne&h=623&w=764&tbnid=P7xdIoGFUuiw8M:&zoom=1&tbnh=90&tbnw=110&usg=__ms_0ioZlVuIISINYthuOMtsuwjU=&docid=Qzfk8b34Ze5-0M&client=firefox-a&sa=X&ei=zpVvU572HPOb1AXCjoH4Cw&ved=0CFMQ9QEwBA
                                                                                                                                               Le Peintre et son environnement

Georges De La Tour naît le 14 Mars 1593 dans une famille de négociants à Vic Sur Seille, qui est situé à proximité de Metz, sous la protection des autorités francaises.
Il se marie le 2 Juillet 1617 avec Diane le Nerf d'une famille de notables locaux de Lunéville, dans la même région, où il va s'établir peu après.

                 De sa formation de peintre nous ne savons pas grand chose . A t'il effectué ou non le traditionnel voyage à Rome ? En 1627  la colonie des lorrains regroupe près de 6 000 personnes dans la cité pontificale.( Cf "ABCclaire de George de La Tour", Editions Flammarion, 1997, P 102 )   Est il passé par l'atelier de Bellange, peintre (1575  _1617 ) qui a profondément marqué toute cette génération de peintres lorrains ? On peut au moins constater que sa peinture  témoigne de l'influence de Caravage ( 1573_1610 ) notamment ce qu"on appelle la catégorie des " Nuit " ( qui regroupe entre autres " Le Nouveau- Né" , " "Le reniement de Saint Pierre" (1650, 120/160 , Nantes, Musée des Beaux Arts )) et que l'on distingue d'autres tableaux dans l'oeuvre de La Tour  , tel que " Le tricheur à l'as de Trèfle", Date indéterminée, 96/ 155, Fort Worth, Kimbell Art Muséum, USA) qui représentent des scènes en plein jour.
La carrière de De La Tour sera une rapide ascension puisqu'il s'établit en 1620 à Lunéville avec des lettres d'exemption signé du Duc Henri II qui l'assimile en partie à un noble et qu'il parviendra à se faire désigner en 1639 " Peintre ordinaire du Roi ".

 
Après sa mort son oeuvre tombera dans un relatif anonymat . Ce n'est qu'à partir de sa redécouverte par l'historien d'art Hermann Voss dans le début du XX ème Siècle . La paternité de ses toiles lui est rendu . 

" Qu'un tel peintre soit resté aussi longtemps inconnu, c'est que nul n'étais mûr pour recevoir ses confidences ". Elie Faure, Histoire De l'Art, L'Art Moderne I, (1ère édition en 1921) P214 dans l'édition Folio essais de Mars 1988 )

     Son oeuvre s'inscrit aussi dans le cadre de la contre Réforme
amorcé depuis le Concile de Trente qui s'est déroulé de 1545 à 1563. Celui ci était destiné à répondre à la montée du protestantisme,
avec la création de l'ordre des Jésuites et des dominicains .
De La Tour, dont on pense qu'il était lettré, pourrait avoir été marqué par l'oeuvre de Jean De La Croix, théologien espagnol  qui appele les fidèles à retrouver Dieu dans son coeur, avec la nécessité de passer par la Nuit, le dépouillement, l'ascèse.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_la_Croix

http://www.carmel.asso.fr/-Doctrine-de-Jean-de-la-Croix-.html


Par ailleurs ce choix d'une Nativité n'est pas anodin. Dans l'histoire de l'Art ce choix fait date puisque c'est la première représentation d'un nouveau né dans l'histoire de la peinture mais le sujet est sensible aussi pour son auteur qui a perdu certains de ses enfants.



                            L'oeuvre



      Deux femmes, l'une de profil, l'autre de face . La première au double menton attestant de son âge,portant une tunique  ceint par une bande noire , de sa main droite tient de seulement trois doigts, pouce, annulaire et auriculaire une bougie tandis que sa main gauche semble épouser le mouvement de la flamme en la dissimulant a moins qu'elle ne s'apprête a moucher la bougie. La seconde aux traits plus délicatement dessiné et aux yeux mi clos eux aussi portant une tunique rouge évoquant la perte de la virginité, les douleurs de l'enfantement. Cette robe est ceint par une bande  marron. On décèle plus qu'on ne voit dans ce clair obscur entretenu par le peintre sa coiffe.  Elle porte un nourrisson emmailloté. Sa main gauche est saisie dans le mouvement au point que l'on ne saurait dire si elle relâche sa pression sur son enfant ou si elle va l'accentuer. Ce nourrisson semble dormir.

On peut tout d'abord constater l'austérité de ce tableau, point d' auréoles, nul anges ou archanges. Seulement la peinture.

Certains ont pu voir dans ce tableau celui de la mort du Nouveau-Né. On peut interpréter ainsi le fait que ce nourrisson n'ouvre pas les yeux, la sérénité des deux femmes en deuil, le geste de la main de la femme de profil qui voudrait éteindre la flamme, symbole de vie, le relâchement de la main de la mère sur ce corps mort.

Cette hypothèse n'est pas la seule . Décentrons notre regard et concentrons nous sur le véritable personnage principal
de ce tableau, la bougie ou ,pour être plus exact, la flamme. Nous réalisons alors ce qui fait la singularité de cette peinture.
Cette flamme est dérobée aux regards puisque la femme de profil la dissimule de sa main droite. Pourtant c'est sa lumière
qui éclaire toute la scène. Ce tableau est donc bâtie sur la présence/absence d'une figure.

     C'est cette absente qui compose toute la mise en lumière de ce tableau. C'est par son entremise que la main de l'ainée étend son ombre bienveillante sur le nourrisson. C'est elle qui n'éclaire qu'en partie le visage de la mère. Ce que représente cette flamme c'est la vive lumière de l'Esprit Saint devant qui la mort est à la fois présente et vaincue.

Pour finir permettons nous de citer René Char, résistant qui saluait ainsi le peintre auteur du tableau du Prisonnier. ( Qu'on reconnait maintenant être celui de Job et sa femme,vers 1640_1645 Huile sur toile, 145 X 97 cm Musée départemental d'art ancien et contemporain d'Epinal )
Il garda durant toute la guerre dans son repaire une reproduction de cette peinture .


" Reconnaissance à George De La Tour qui maîtrisa les
ténèbres hitlériennes avec un dialogue d'être humains "

( Cf " Feuillets d'Hypnos" )
 
http://www.educnet.education.fr/louvre/ecriture/char2.htm
     Reconnaissance à Georges de La Tour qui maîtrisa les ténébres hitlériennes avec un dialogue d'êtres humains.    Reconnaissa  Reconnaissance à Georges de La Tour qui maîtrisa les ténébres hitlériennes avec un dialogue d'êtres humains. nce à Georges de La Tour qui maîtrisa les ténébres hitlériennes avec un dialogue d'êtres humains.

dimanche 13 avril 2014

Journée d'ouvrier

le

 Fiction : Assemblage subjectif de faits réels, dont certains n'ont pas été inventés.


La douleur le réveilla. Il était en chien et en sueur sur son lit. Il avait égaré sa nuit, sentait cette sorte de rouille d'usure et de fatigue sur ses muscles. Il ne parviendrait pas à se rendormir. Ni à se réveiller. Cet entre deux de foireux. Temps que cette semaine aussi s'achève. Il n'était que 5 h du matin.
La cafetière fumait. Il s'installa avec sa tasse face au velux pendant que sa platine passait Ring of fire de Johnny Cash en sourdine. En se contorsionnant un peu contre le mur il pouvait trouver une position ou il ne morflait pas trop. Au loin il apercevait les lumières des éoliennes sur la colline voisine. Un mec lui avait raconté un jour combien ils avaient des problèmes avec les chauve-souris. Ces bestioles avaient pourtant des radars. Mais comme elles volaient en groupe, elles avaient tendance à faire confiance à la voisine pour veiller au grain et débrancher le radar, comme on déconnecte la Wi-fi. Les éoliennes ne figuraient pas encore dans leur GPS, elles se prenaient l'obstacle dans la gueule. Donc pour protéger les éoliennes il fallait leur démontrer que le danger pouvait être mouvant, qu'il fallait savoir bien l'identifier sous des masques,  garder une vigilance collective, que c'est autant toi qui protège le groupe que le groupe qui te protège. C'est vraiment rien que bête une chauve-souris. Ce serait une histoire à raconter à la gamine ce WE. L'appart' était pas trop mal rangé. Elle aurait bien quelques trucs à mettre en dawa. Il décida d'aller au boulot à pied. Il avait bien le temps, ça ne commençait qu'à 7 h 30. Et il n'avait pas encore de quoi faire réparer sa voiture.
C'était la pleine lune, à cette heure ci il n'y avait que quelques chats dans les rues et il ne croisa même pas de poids lourds. La reprise devait se lever plus tard.
Quand il arriva en salle de pause il y avait déjà 3 caristes qui se prenaient un café en attendant  les premiers camions.

«  Alors comment que c'est, t'es venu à pattes? Tu te mets au sport sous la pluie maintenant?»

«Boh il ne pleut pas. Juste un peu de bruine quoi.»

« T'as eu de la chance. Il y a eu une saucée hier soir. T'aurais bien pu te la prendre»

« Mais non, c'est calmé. On aura juste un un peu de crachin

Le mécano arriva, mine chafouine, farfouillant dans son bleu de travail pour trouver de quoi s'offrir un café au distributeur

«  Ils vont me faire foller. Sérieux. Devinez sur qui je viens de tomber, l'autre du service qualité qui me dit qu'elle ne m'a pas vu me laver les mains, je viens de le faire dans les toilettes elle me dit qu'il faut que je le refasse dans le couloir pour qu'on me voit s'il y a un audit des services hygiène »

« Tu sais très bien que si on loupe un audit, la boîte risque de cabaner et on va tous se retrouver à la chôme »

«  Mais bordel de cul si c'est pour me faire voir tant qu'on y est je peux bien faire payer des tickets. Au lieu de me les courir ils feraient mieux tous de passer à l'atelier 42. Sérieux, tu connais la dernière ? La sortie de secours comme deux tordus l'ont utilisés comme raccourci le chef l'a barré «  pour raison de sécurité » Une sortie de secours. Sérieux. Ils vont me faire foller. Tiens, regardez la dernière note de service de la direction. C'est sympa»

Il sortit de sa poche une feuille chiffonnée qu'il étala sur la table pour pointer du doigt du doigt deux lignes soulignées au rouge sous les yeux de ses collègues

« Notre entreprise investit dans la qualité humaine en recrutant 3 cadres venus de la concurrence. Les rumeurs de plan social sont donc parfaites et non avenues.»

« Ils sont forts »

« C'est la secrétaire qui a tapé ça ? »

Même si c'est la secrétaire le directeur l'a signé. Mais c'est pas sa première fois.
Ils viennent de la concurrence, quelle boîte?

« Furinoir »

« Nan Furinoir c'est chez nous, c'est juste une filiale »

T'es sûr ? Si c'est la même boite que nous pourquoi ils portent pas le même nom ?

Nan, mais je crois que c'est une boite qu'ils ont racheté parce qu'elle faisait pareil ou alors ils en ont créé une pour faire autre chose. Je sais pas trop »



Il était déjà près de 7 h 30. Il quitta ses collègues pour partir bosser

Arrivé dans l'atelier il réalisa que Ahmed et antoine étaient absents. Il interpella l'élue du CHSCT.

«  Mais il n'y a pas de mecs avec moi sur la ligne ? Je vais tourner avec qui moi ? T'as vu l'état de mon dos ? »

«  Oh Mille-malheurs ça va bien, pleure toujours, tu pissera moins ! Depuis le temps qu'on vous dit au syndicat qu'il faut réorganiser les postes pour qu'ils ne soient pas séparés entre ceux des hommes et des femmes. Vous êtes bien contents les mecs d'être les seuls à porter les bacs, du coup il n'y a que vous comme conducteur de ligne dans cet atelier. Quand on ne sait pas être solidaires avec le groupe faut pas s'étonner quand ça te tombe sur le rab personnellement »

Il se mit à son poste, soulever des bacs pour les poser sur les rails qui les entrainaient jusqu'aux collègues qui mettaient les produits en carton. Ça tirait dès le début. Chaque bac pesait au moins 10 kg et la ligne tournait bien à 200 bacs à l'heure. A la fin de la matinée il avait un mal de chien aux épaules. Il profita de la pause du midi pour aller s'allonger dans le parc. Il ne lui restait plus que 4 heures à tirer. La semaine l'achevait. Arthur lui raconta comment il avait obtenu une prescription du médecin pour un corset.

Revenu au boulot à 13h ça allait un peu moins pire. La ligne tournait moins vite puisque les ordinateurs ramaient pour obtenir les commandes. Ça lui permettait de souffler un peu. Au bout d'un moment, il se posa contre la palette dans la position où il morflait un peu moins. Il pensait à sa fille, ce Week-end avec elle serait une friandise, trop bon, trop court, elle engloutirait les pâtisseries, voudrait qu'il mette tous ses vinyles, contemplerait la façon qu'ils avaient de danser sur la platine, lui raconterait ses séances chez l'ortho à se mettre les mots du bon côté et garder son nom bien propre.

«  Ah. Je vois que ce n'est pas difficile pour tout le monde. Vous vous reposez bien ? On se la coule douce ? »

Le sourire de Xavier Bertrand sur la tronche de M Drumond Il ne l'avait pas vu arriver, ce devait être un cadre, vu sa blouse blanche.

«  Mais la ligne est arrêté. Je me contente d'attendre que ça redémarre »

« Je vois que vous avez envie de jouer. Je vais vous dire. Je suis le Numéro 2 de cette entreprise. Je peux vous dire que je sais plus jouer que vous. Vous allez me voir »

Le mec se barra à grandes enjambées, moulinant avec ses bras avant de rentrer dans le local de l'atelier.

Vers 15 h son chef d'atelier passa, se lissant la moustache

«  Bon. Toi tu as fini ta journée. Tu peux rentrer. »

«  Mais je n'ai fait que 6 h !! Tu sais bien que je veux prendre des RTT pour le RDV de ma gamine chez l'ortho. Si tu me bouffe déjà mes heures ça va pas le faire »

«Oh c'est bon. De toute façon vu comment tu avance aujourd'hui c'est ce que tu as de mieux à faire. Et puis on verra bien ce jour là. Pour aujourd'hui tu rentre. C'est bon »

Sorti des bâtiments il s'arrêta un instant pour habituer ses yeux au soleil qui était au plus haut à cette heure ci. Il tapota sur son portable pour voir ses messages. Il avait un SMS d'alerte de la banque postale pour son découvert. Derrière lui il entendit quelqu'un, marchant vite et parlant fort. Il se retourna, c'était Mme Damoizeau la députée socialiste et son attaché parlementaire qu'il avait souvent croisé lors de la campagne.
Elle lui tendait la main, aussi souriante et énergique que d'ordinaire.

« Tiens. T'es sorti tôt »

« Euh ouais. Y a pas trop de boulot ces temps ci. Mais je ne savais pas que tu passais. Personne m'avait dit au syndicat »

« Oh je suis juste passé rapide voir la direction pour faire le point. Je ne vais pas avoir le temps de passer au CE. Tu vas par où toi ? »

«  Je passe à l'école, récupérer ma fille. »

«  Je vais te déposer. C'est sur ma route pour la permanence  »

Ils montèrent tous deux dans le Break. Mme Damoizeau parlait toujours aussi vite et aussi fort en martelant parfois le volant

J'ai vu votre nouveau directeur tu sens qu'il a envie de se mobiliser. Et les nouveaux bureaux sont bien fonctionnels. Tu les a vu ? »

« Euh non je ne vais pas souvent dans les bureaux en fait »

« Tu dois bien passer quelque fois au CE quand même ? »

«  Euh ouais mais le local du CE est dans les préfabriqués depuis 6 mois parce qu'il fallait refaire les locaux »

«Oh. Oui enfin tu sais les élus du CE, ils sont un peu comment dire un peu laborieux. Ils ne se rendent pas compte qu'il il y a un travail capital aujourd'hui. Si on veut respecter le programme du Bourget il faut restaurer la compétitivité des entreprises. Faut en finir avec les tabous. Baisser le coût du travail, réduire les charges. Faut tous se mobiliser ensemble quoi »

Il ne répondit rien. Son siège était moelleux. Il luttait un peu contre le sommeil.

Ils étaient déjà arrivés près de l'école. Mme Damoizeau le déposa avant de redémarrer en trombe.
Il était plus qu'en avance, choisit de regarder ses mails sur son smartphone. Un mail d'une agence de voyage s'affichait, lorsqu'il l'ouvrit il vit l' image d'un couple enlacé sur son fond de coucher de soleil 
avec ce slogan " Faire de votre séjour des journées merdeilleuses ". Il soupira en fermant l'onglet.
Les grappes d'enfants sortirent en trombe de la cour de l'école juste après la sonnerie pour sauter dans les bras de leurs parents ou s'engloutir directement dans des voitures. Sa fille trainait pour une fois derrière, la mine boudeuse , tirant d'une main sur son pull qu'il devrait encore raccomoder et sur son cartable à roulettes derrière elle. Lorsqu'il l'appela elle s'arrêta pour ouvrir son cartable et en sortir une enveloppe qu'elle lui tendit solennellement
                                                  «  Mme m'a donné çà pour toi »

C'était un courrier de l'administration scolaire. Il parcourut rapidement les circonvolutions d'usage avant d'en arriver au propos

«  M dans le cadre d'une enquête nous avons demandé aux élèves de remplir un questionnaire concernant leur parents. Il se trouve que sur une question concernant la profession du père votre fille a mis pauvre dans la case. Nous vous informons que vous avez la possibilité de contacter l'assistante sociale si votre situation le nécessite et vous demandons dans quelle catégorie socio-professionnelle nous devons vous mettre. »

Il demanda à Leïla de lui donner un stylo, pris son 4 couleurs Hello Kitty et barra le courrier de 5 mots en lettres rouges avant de le glisser dans la boite aux lettres de l'école Tristan Corbière et de glisser à sa fille que ce Week-end commençait par un passage à la pâtisserie

«  Mettez moi tous en colère »

 Ce texte est dédié aux colères insatiables.

dimanche 2 février 2014

La célibatitude

La célibatitude, c'est prendre le temps de débattre sur Twitter


La célibatitude, c'est repenser avec un scrogneugneu de l'âme à cette Laëtitia Dupré qui te répondit négligemment " Non, mon copain il veut pas " alors que tu lui proposais JUSTE UN CAFE

La célibatitude, c'est répondre par un mail l'interrogeant pour savoir si elle a passée une bonne journée à cette Samantha Vautour qui t'écrit de l'équateur pour t'entretenir sur une énorme transaction financière.


La célibatitude, c'est proposer une visite de Rennes centre impliquant Parlement, Thabor, meilleurs bars de la rue de la soif et bouquinistes à une  malheureuse étudiante chinoise qui voudrait juste savoir ou se trouve le CROUS.

La célibatitude, c'est le temps de silence que tu laisse après avoir demandé " et toi, ta journée " à ta cafetière.

C'est avoir viré la date d'anniversaire sur ton FB parce que bon