samedi 18 mai 2013

Il y a des Blogs

 ( Note de service.   Cet article est déjà paru sur mon précédent blog sur Wordpress qui a disparu sur un obscur motif de manquement aux " obligations de service ". Dans le but de contribuer au Bloggage ambiant je la republie ici. Ca me dispense d'en écrire d'autres. Astuce )

 

 

Il y a des blogs

par ostinatrofimov

Il y a des blogs. Il y a des blogs de Kikoolol, des blogs de journalistes, des blogs à gifs, des blogs de critiques ciné, des blogs d’avocats, des blogs à mamans, le blog de Stoni  1983 , des blogs de geeks, des blogs de vacances, des blogs de voyages, des blogs disparus, des blogs interrompus, les blogs féministes, Comment je suis devenue féministe, des blogs sans intérêts, des blogs intéressés, des blogs un peu perdus, des blogs ou tu t’égares. La liste est non exhaustive, mais tu te dis facile que chacun peut y trouver sa gamelle.
Donc un jour j’ai voulu trouver un Blog d’ouvrier et tapoté ma recherche sur Google. C’était maigre. Même en remontant sur quelques pages. J’ai voulu rameuter les potes sur Twitter, pas mieux.
Tu trouves bien quelques trucs. Mais ça remonte un peu.
via @tlbc13
( la liste est vraiment non exhaustive. Si tu veux participer à l’enrichir, je prends )
Contrairement à l’idée qu’on peut s’en faire, les ouvriers n’ont pas disparu de la société française. Sociologiquement ca constitue toujours un groupe important de la population active
( Selon le rapport de l’INSEE de 2011 20% de la population active. Comparé aux autres catégories ça reste plutôt significatif).
Pourtant toute cette masse d’ouvriers ne vient pas s’exprimer sur les Internets. Ca me rappelle une émission de Arrêts sur images ( la période où ca passait à la TV. Ne te précipite pas sur tes archives ) ou Bourdieu était en face de Jean Marie Cavada et disait que les travailleurs étaient « plus parlés qu’ils ne parlaient » dans les médias.
Parce qu’il faut bien dire qu’il y a des gens, je me demande encore ce que la classe ouvrière leur a fait.
Tiens, tu as François Bon, auteur impérissable de Daewoo, sur les ouvrières de l’usine éponyme. Alors Mr Bon, si vous en veniez par aventure à lire ceci, je ne veux porter aucun jugement négatif sur votre ouvrage. Juste que j’ai ressenti plus d’empathie pour des catalogues de la Redoute ou des 3 Suisses. Les mannequins paraissaient plus humains. Ou alors, faut qu’on m’explique.
Il y a aussi Les vivants et les morts de Mr Gérard Mordillat, avec la même presse dithyrambique. Là aussi, comment peut on se pâmer pour un auteur qui écrit benoîtement que son héroïne est appelée Dallas « parce qu’elle a oublié son nom de baptême » (une ouvrière, tu ne vas quand même pas l’inscrire à l’état civil) et qu’elle se bat « comme une gamine de 5 ans ».  Tout son roman est plein de notations bien rigolotes pour qui pratique l’humour sexiste. Aussi, tu peux chercher les 800 pages du bouquin tu n’en trouve pas une ou les ouvriers bossent, produisent. Chapeau. Ou alors, faut qu’on m’explique.

"Les vivants et les morts" de Mordillat

Pourtant il y a eu des choses bien sur les ouvriers, voire même sur la Classe ouvrière. Il y a ce documentaire de Hervé Le Roux, « La Reprise » basé sur ce petit film « La reprise du travail  à l’usine Wonder » et qui raconte beaucoup de choses je trouve, sur l’époque, sur ce qui s’est gagné, ce qui s’est perdu. D’ailleurs tu apprends dans le film que toutes les  personnes qui discutent autour de cette ouvrière qui  ne veut pas retourner « dans cette taule » en lui expliquant bien tout, ne travaillaient pas dans l’usine Wonder. Bon. Elles sont toutes pleines des meilleures intentions, mais voilà quoi. Mais pendant le film le réalisateur pose sa caméra bien en face de ses personnages, sans même un champ/contrechamp, et les laisse parler. Truc de guedin.
Tu as aussi le bouquin des deux sociologues Beaud/ Pialoux «  Retour sur la condition ouvrière » aux éditions la Découverte basé sur une enquête aux usines de Sochaux. C’est dans ce bouquin qu’un des auteurs commence par interroger ses étudiants en master pour savoir combien il y a d’ouvriers aujourd’hui, en France. Les réponses en disent beaucoup sur la perception du truc.
" Cours de licence en Sociologie Janvier 97. Le professeur demande combien il y a d’ouvriers en France au sens statistique ? Une étudiante lance 200 000 . La salle après surenchère et débat transige a 1,5 millions . Plus tard ce fait est évoqué en Master de Sciences Sociales ( c’est là tu apprends que le noeud de cravate trahi ton désir sous jacent de t’inscrire dans une société hiérarchisée). Les étudiants se récrient . Ils se mettent d’accord a 2, 5 Millions ( après des assertions a 300 000 ) . Les chiffres du recensement de 1990 sont a 6, 5 Millions.
Cf " Retour sur la condition ouvrière", Pialoux/ Beaud Editions Fayard 2004.
Pour les futurs experts en ces choses nous sommes des fantômes . Voilà voilà
http://www.decitre.fr/gi/84/9782213603384FS.gif
D’ailleurs, s’il y a beaucoup d’œuvres plus ou moins bonnes sur les ouvriers, la plupart, pour ce que j’en ai vu, semblent sur le mode de la disparition ou du deuil.
Prenez La graine et le mulet de Abdellatif Kechiche ( qui doit être un des films français les plus bouleversants sur ces 15 ou 20 dernières années, parce qu’il y a des choses aussi simples et vrais que des corps et de la parole) c’est l’histoire d’un mec qui a perdu son travail et tente de retrouver une place.
Ce que je chercherais ce serait plus comme une sorte de Harvey Peekar de la classe ouvrière. Je ne sais pas si tu connais. Un mec qui bossait dans je ne sais et on s’en fout quel administration US et écrivait des histoires de rien sur ce qui constitue son quotidien. Même pas des péripéties, même pas un fait divers. Juste un fait de rien, rendu important par le simple fait qu’il l’ait vécu. Tout ceci constituait des scénarios de bande dessinées illustrés par des potes ( Crumb entre autres) pour  composer « American Splendor »
L’enjeu ce serait de montrer le réel avant, voire même au lieu du drame. La façon dont un ouvrier constate qu’il est soumis par son statut de salarié et pourtant tente de composer, à la fois de gratter des espaces à son niveau mais aussi recule, en même temps.
L’enjeu ce serait de montrer comment être ouvrier, c’est amener son corps à son poste puis l’observer, le mettre en jeu face à la charge de travail.
Alors je devine la réponse, formulée plus ou moins ouvertement. Si les ouvriers ne bloguent pas, c’est d’abord parce que ce sont des ouvriers. Genre blogueur, ce serait un truc de CSP +. Bon. Déjà faudrait revenir à la liste du début pour constater que sur quelques blogs au moins s’ils sont le fait de CSP+ ce n’est pas là qu’ils mobilisent toutes leurs compétences. D’ailleurs bon si Aphatie est un CSP + tu te dis que oh bien des choses en somme.
Plus sérieusement les ouvriers sont aussi capables que d’autres d’écrire sur ce qu’ils veulent. Tu veux que je te dise. Depuis que je bosse en usine il m’est arrivé à 3 ou 4 fois  que des collègues me confient «  tu sais, j’écris ». Pourtant à chaque fois ces collègues écrivaient sur bien d’autres sujets que leur travail. Un roman. De la science-fiction souvent. Le souci c’est pas tant les capacités que la motivation en plus du fait de devoir lever deux trois inhibitions. Une paille quoi.
On en est tous là. Parler de ton travail,bon, tu as la machine à café pour çà. Sorti de là, tu as fait le tour. Si je tapais sur Google Blog de routiers, d’employés ….
Donc, on n’est pas beaucoup plus avancé. Des blogs d’ouvriers, c’est la misère.
si tu as aimé ceci peut être que ceci t’intéressera

vie d’ouvrier

Rajout du Samedi 11 Mai 2013
Petite Bibliographie sommaire
Recommandé par la maison
"Retour sur la condition ouvrière " Ed Fayard 1999. Beaud / Pialoux
http://fr.wikipedia.org/wiki/Retour_sur_la_condition_ouvri%C3%A8re
" Violences urbaines, violences sociales " Fayard 425 pages. 2004.  même auteurs
Qui est le Tome 2, ( genre La condition ouvrière elle revient et elle est pas contente  ? Oh bon ca va !)
Tu as aussi des choses dans le bouquin " La misère du monde " publié aux Editions du Seuil sous la direction de Pierre Bourdieu en 1993 et auquel si je me souviens bien Beaud et Pialoux avaient dû participer. Toujours dans les bons coups.
Sinon tu peux aussi tenter Les vivants et les morts de Mordillat ou Daewoo de François Bon ou aussi lire des éditos de Laurent Barbier ou de Christophe Giesbert. Vraiment, je ne te juge pas.
Par ailleurs Aurelie Filipetti avait écrit un bouquin intitulé " les derniers jours de la classe ouvrière ". Comme je ne l’ai pas lu je ne peux pas en dire de mal. Je suis bien emmerdé. Qu’est ce t’en pense ?
A. Lasverne nous recommande l’ouvrage "Histoire de la littérature prolétarienne de langue française". Bon.  (Peut on encore aujourd’hui utiliser l’expression de prolétariat alors mêmes que les salariés ont obtenus de haute lutte des droits auquels ceux qu’on appelait les prolétaires n’osaient même pas rêver ( Congés payés, retraites, réductions du temps de travail, comité d’entreprises … ) Je ne sais pas)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_prol%C3%A9tarienne
en tout cas le bouquin de Ragon existe aux éditions Albin Michel. Le premier dessus en parle aux autres.
Sinon du côté des films il y a aussi du matos
On a déjà évoqué  "La reprise" film de Hervé le roux disponible en DVD et qui doit peut être encore tourner parfois dans les réseaux militants. C’est du bon.
Le film de Abdellatif Kechiche La graine et le mulet. alors juste un mec qui sait filmer aussi bien un truc comme l’échange de la parole, faudrait même pas lui consacrer des monuments, baptiser des cinémas ou des collèges à son nom du côté de Kerhéro, du pertre ou de Saint perpête les oies faudrait encore mieux , un truc de guedin j’avoue, voir ses films. Pardon. Je m’emporte.
Sinon Οὖ τις nous recommande "Les Lip, l’imagination au pouvoir." documentaire de Ch Rouaud ) Je l’avais vu il y a longtemps. Je recommande parce que des mecs capables de porter des pulls pareils tu sens qu’ils sont capables de tout, voire même de militer. La scène où ils racontent comment ils ont monté une combine de mafiosis pour transporter leurs montres effacent tous les James bond ( bon pas les manips de Guéant, mais face à claude tu peux pas test)

Voilà on a fait le tour de quelques trucs intéressants. Si tu veux compléter la liste sur les blogs, bouquins, petits mickeys, films ou jeux vidéos ( ben quoi ? ) portant sur cette noble profession d’ouvrier agite tes petits bras musclés. Bisous.

Ajout du Dimanche 12 Mai 2013

Donc Partageux
nous recommande  "Voix d’en bas".  Titre d’une collection aux éditions Plein chant. http://www.pleinchant.fr
"Loïca" et "Le voyage à Paimpol", (Seuil) 2 romans de Dorothée Letessier
( il me semble avoir vu passer quelque part le voyage à paimpol)
Tuta Blu de Tommaso di Ciaula (Actes Sud)
"Travaux" de Georges Navel (Folio)
avec l’article qui va bien http://creatives.livejasmin.com/

pw-pw
Nous indique les blogs suivants
* http://chefchantier.skyrock.com/
* http://fosaturn.unblog.fr/ (syndicat)
* http://www.plombiers-reunis.com/ (bon, c’est un forum, pas un blog…)
* http://bespoke.blog.lemonde.fr/

http://precairedusavoir.over-blog.com/ http://incorrigibles.wordpress.com/ http://collectifevs49.unblog.fr/
( je n’ai pas encore eu le temps d’explorer )

Sinon je recommande chaudement cet article sur le blog de pensezbibi
. http://bit.ly/zGxLS8 "   
" lire, c’est se faire la guerre " c’est TELLEMENT çà
et ces deux autres articles aussi
http://bit.ly/xMIneU
http://bit.ly/yGBHK7

Par ailleurs jimbo recommande le coffret
http://www.arkepix.com/kinok/DVD/MEDVEDKINE_Groupe/dvd_coffretMedvedkine.html
( pour le groupe Medvekine cette émission sur France Culture http://www.franceculture.fr/podcast/4486029 )
Il y a donc aussi le film de Karmitz Coup pour coup et La classe ouvrière va au paradis.

Voilà. Je crois qu’on a fait un peu le tour de la collecte pour l’instant. Et il y a déjà BEAUCOUP de choses.

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