lundi 20 mai 2013

Soutenons les maires ne voulant pas célébrer certains mariages

Cher(e) Maire opposant au mariage des couples de même sexe,


                 Comme tu l'as sans doute appris par la télévision, la presse, les internets, la radio ou tes voisins quand tu es allé faire tes courses samedi, le mariage a été ouvert aux couples de même sexe. Le texte a été complètement validé par le Conseil Constitutionnel, composé d'ailleurs par une majorité de membres provenant de la droite, et promulgué par le Président de la République. La France devient le 14 ème pays dans le monde à l'autoriser. Tu le sais comme moi, quand tu regarde posément les choses à jeun, les quelques prurits de la Manif pour Tous ne changeront rien à l'affaire. Le premier mariage entre deux personnes du même sexe devrait avoir lieu le 29 Mai à Montpellier. Tu sais le jour où tu célèbre l'anniversaire de la bataille de Lépante.

Je sais  l'angoisse qui t'étreint en tant qu'élu. Tu ne veux pas participer le moins du monde à cette remise en cause de notre civilisation Judéo Chrétienne entre bien semblables tous pareils. Mais comment faire ?
Alors je vais te dire. Tu lis le texte que je te destine spécialement, tu le copie colle ( c'est copyleft cousin) en complétant ton nom et ta commune. Puis tu l'imprime, le signe avec application et le transmets au préfet de ton département. Tout ceci accompli tu pourras te dispenser d'abreuver tous les médias de tes appels à l'insoumission. On aura déjà tout bien compris. Bisous.



                                       Mme/ Mr La/ le Préfèt (e) du département de

Je soussigné Mme/Mr ......... Maire de la commune de ........ déclare solennellement ne pas pouvoir en conscience célébrer de mariage entre couples de même sexe parce que après la civilisation va disparaitre et on va tous mourir. En conséquence je vous adresse ma démission de mon mandat de maire de la commune de ...... et de tous mes autres mandats. Comme je ne veux plus  rien avoir affaire avec cette république sodomite je décide par ailleurs de renoncer à toutes mes indemnités passées ou présentes ( je vous adresserait un plan de remboursement pour ce que j'ai déjà perçu ) comme à d'éventuelles retraites.

C'est par ce type d'actes symboliques que nous marquerons notre insoumission

Je vous adresse mes amitiés factieuses


dimanche 19 mai 2013

S'il n'y avait pas tous ces arbres


  (    Edit : Cet article est paru précédemment en Juin 2012 sur un autre blog. Il se trouve que j'y suis attaché pour d'assez naïfs motifs d'ego mais aussi que c'est une tentative, dérisoire et ridicule de rendre hommage aux 147 salariés de l'usine Doux de Pleucadeuc  qui se sont eux aussi retrouvés à la chôme. 

Relisant cet article et repensant à cet époque je me rends aussi compte combien Mme 
Iacub ne comprend pas ce dont elle parle.
 Le suicide n'est que la partie émergé de cette bataille qui se perd.

Postulons, postillons

Combien d'ouvriers somatisent, développent des ulcères ou d'autres problèmes de santé parce qu'ils sont sommés de " prendre sur eux" et s'exécutent (!) . Ceci ne rentre que bien peu dans les statistiques. Sauf quand il faut les accuser de creuser le trou de la sécurité sociale. Pour les quelques fois que j'ai pu apercevoir Mr Charles Doux à la télévision il semble porter beau )




       S’il n’y avait ces arbres je pourrais sans doute apercevoir l’usine Doux de chez moi.  Elle n’a semble t-il pas tellement changé depuis  que la direction du Groupe a décidé en 2008 de la fermer, mettant 451 salariés au chômage. Par une suite d’heureux hasards, une succession de circonstances, j’ai échappé à ce plan social. Pour autant j’ai eu l’occasion de travailler dans cette usine. C’est en partie là que j’ai découvert monde du travail et délices du salariat


La première fois que j’ai travaillé dans cette usine j’étais encore étudiant et ce ne devait être qu’un job d’été. Le pays de Locminé offre assez peu d’opportunités en la matière.


Quel effet cela m’a-t-il fait de passer devant mon ancien collège qui lui fait face ? J’ai croisé parfois certains de mes anciens camarades d’école au travail. Penser qu’il avait fallu seulement quelques années pour traverser la rue, certaines vies semblent setenir sur peu d'espace. Quand nous étions au collège la mode fut un moment de prendre l’usine comme un raccourci pour rentrer chez nous de la traverser en bicyclette en zigzaguant entre les poids lourds  dont les chauffeurs pilaient pour nous éviter. Ceci nous passa bien vite.





J’ai donc consciencieusement complété mon formulaire, remplissant mon état civil, sans doute légèrement amusé de devoir dire à 19 ans que j’étais bien célibataire, cochant distraitement la case précisant que je n’avais aucun membre de ma famille parmi le personnel de l’entreprise  ( ce qui à bien y réfléchir ressemble à de la discrimination ), niveau d’étude, le bac, disponibilités durant les 3 mois d’été et coordonnées qui étaient encore celles de mes parents.





A l’époque Doux pratiquait les contrats à la semaine ( Considérant qu’un CDD peut durer jusqu’à 18 mois, limite légal au-delà duquel il devient automatiquement un CDI  cela représente alors 78 feuillets 21/ 29,7 ) comprenant durée du contrat, nom de la convention collective correspondante et si j’ai bonne mémoire l’existence d’une période d’essai, que l’on signait en double exemplaire le lundi et dont on glissait le nôtre dans la poche arrière du jean. Un collègue me déclara qu’il avait assez de tous ces contrats pour tapisser tout son logement, mais il est vrai que son salaire ne lui permettait pas de se payer autre chose qu’un studio.  Mais il n'y a somme toute que banquiers, assureurs et propriétaires à distinguer entre CDD et CDI.


Pour autant Doux finit plus ou moins par abandonner en partie ces pratiques pour se tourner vers les agences d’intérims. Sur Locminé, ville de 3 800 habitants, chef lieu d’un canton de près de 11 000 habitants si je ne me trompe, nous en avons compté jusqu’à 5, dont l’une quasi exclusivement orienté sur l’agro-alimentaire.  Elle nous faisait remplir des tests de sécurité tenant du jeu du 7 erreurs où il fallait repérer tel ouvrier qui passait sous une échelle, tel autre qui jouait, oh le vilain, sur la pale de son transpalette électrique. A y penser l’erreur la plus flagrante sur ces dessins consistait en ces sourires enjoués de consommateur de bedeau.  Il ne nous reste plus que  4 de ces agences. C’est une perte dont je suis encore inconsolable.





Dans l’atelier j’ai travaillé le plus longtemps au bridage des dindes. Celles-ci ayant été au préalable tuées par électro narcose, dépouillées de leurs plumes, éventrées, vidées, décapitées et amputées des pattes. Il ne nous restait plus qu’à saisir le corps du volatile encore chaud et pouvant peser de 4 à 8 kgs, plier l’extrémité des pattes d’un geste sec en sentant les os craquer pour les passer sous la bande de peau dans son postérieur et bloquer le tout en glissant dessous le croupion. Tout ceci en à peine quelques minutes, 8 heures par jour du lundi au vendredi. Par jour ce devait être plus ou moins 30 000 dindes qui passaient entre nos mains.  Ce n’était pas l ouvrage le plus pénible ni le plus difficile parmi ceux proposés (!). J’ai eu l’occasion de me retrouver à l’accrochage des dindes vivantes. Celles-ci arrivaient dans des camions  contenus à plusieurs dans de petites cagettes. Les camions s’arrêtaient dans un hangar. Nous ouvrions les cagettes pour saisir les dindes. Celle-ci ayant voyagées quelques kilomètres dans un espace clos avaient libérées leurs humeurs.  Les sortir de la cage nous offrait un mélange de fiente et de plume en plus d’un bruit continuel. Mais même ce poste n’était que peu de chose face à celui de ramasseur. Ceux-ci devaient se rendre la nuit d’un poulailler à l’autre pour entasser les dindes dans ces cagettes ( étant entendu que le temps de trajet n’est le plus souvent pas compris dans le temps de travail ).


 


Au boulot je me suis dans l’ensemble plutôt bien entendu avec mes collègues.  Il y avait quelques autres CDD dans l’atelier. Certains avaient déjà eu l’occasion de travailler dans les autres entreprises du secteur, ou bien avaient eu des CDD durant jusqu’à 7 ans dans la même boite. Ils comparaient avantages et inconvénients de chaque entreprise du secteur.  C’est ainsi que j’ai appris que Doux était la seule où le self faisait payer l’eau qui n’était disponible que sous forme de bouteille. Le self était géré par la CGT. La branche agroalimentaire de la CGT fait partie de l’opposition à Bernard Thibault, considéré comme trop conciliant vis-à-vis du patronat. La pingrerie devait leur sembler une des voies de la lutte des classes.


J’ai ainsi effectué quelques contrats en tant qu’étudiant. Ces études ne donnant pas les résultats escomptés, ou pour le dire autrement n’y donnant pas les efforts supplémentaires je me suis retrouvé de nouveau à travailler à Doux tout en espérant passer un concours administratif catégorie B ou C.  L’usine était déjà dans la ligne de mire de cabinet d’audit. Pourtant elle avait célébrée son ouverture vers le Brésil qui paraissait pleine de perspectives prospères.  Elle faisait aussi partie des entreprises qui recevait le plus de l Union Européenne au titre de la PAC pour les primes de restitution ( Le Canard Enchainé a chiffré au total à 1 milliards d’euros le montant reçu par Doux de l’UE ). Cette astucieuse mesure permettait aux industriels de l'agro alimentaire de faire compenser par l'Union Européenne le différentiel entre le prix du marché international et leur prix de revient pour favoriser les exportations à l'étranger.





J’ai fini par trouver en 2008, grâce aux départs en retraites, un poste en CDI à Ronsard à Bignan, autre entreprise d’agro alimentaire.  Nous évoquions de temps en temps les autres entreprises du secteur, dont Doux qui n’embauchait plus tant de CDD. Mais la crise de l’agro alimentaire touchait toutes les entreprises. La nouvelle de la fermeture de l’usine de Locminé m'arriva comme à chacun, par la presse au mois de Juin 2008.

Quelques mobilisations sporadiques eurent lieu. Une manifestation se déroula en septembre dans les rues de Locminé à l'appel de la CGT.  Le député UMP local répliqua dans la Gazette de Locminé du 20 Septembre 2008 à ceux qui avaient critiqués son inaction passée en les qualifiant de "fossoyeurs d'entreprises".  L'activité parlementaire de Mr Gérard Lorgeoux durant ses 10 ans de mandat  m'ont fait mesurer combien il y a de nuances entre le rien et le pas grand chose. La fermeture du site fut avancée de quelques semaines, mesure annoncées aux salariés parfois par un simple coup de téléphone informant de ne pas venir le lendemain. Ce fut une belle preuve de délicatesse de la part du Groupe de ne pas troubler les salariés accoutumés à sa brutalité par une délicatesse soudaine
.







Le site est encore là. Le logo de Doux et de père Dodu a été enlevé.  Un vigile monte encore la garde contre les rôdeurs, à moins que ce ne soit contre d'éventuels repreneurs. Certains salariés ont été repris chez Ronsard. Les choses n'y sont pas si différentes.  .  Le travail à la chaîne, fastidieux, usant, cette sorte de poussière de rouille qui vient se déposer sur votre corps, les Troubles Musculo Squelettiques. L'autre jour une collègue demanda à la cantonade en salle de pause qui avait du doliprane, trois mains secourables se tendirent. Chacun tente ainsi plus où moins de s'arranger avec la douleur, la fatigue, le stress. Les salariés sont en majorité des femmes, pour la plupart de plus de 40 ans payés le plus souvent au SMIC plus les primes d'anciennetés jusqu'à 15 ans voire d'autres primes ( nuit, chaine, froid.... )


Charles Doux d'après ce que j'ai pu en lire, s'est retrouvé ces derniers mois dans cette situation pénible de ne pas pouvoir décider du destin de son groupe par lui même. Je voudrais lui dire combien les salariés de son groupe comprennent fort bien ce sentiment, celui que l'avenir appartient aux patrons dont les ouvriers se lèvent de bon matin ( tout en sentant à chaque fois qu'ils se couchent ). Il est vrai que l'agro alimentaire est un secteur où les marges sont toujours faibles, ce qui explique sans doute pourquoi Mr Doux n'est devenu que la 146 ème fortune française. Je ne sais ce qui va advenir de cette fortune. Ceux qui l'ont produit n'y auront, je le devine, pas droit.

Au travail 
Vie d'ouvrier 

samedi 18 mai 2013

Postulons, postillons.

Postulons.  Postulons Marcela Iacub. Postulons Marcela Iacub, intellectuelle aussi généraliste que le supermarché de ma commune, aussi polyvalente que la salle de Saint perpète les deux Camenberts et parvenu au statut de chroniqueuse du quotidien Libération du fait d'innombrables mérites, ou ne manquent somme toute que ce qui se qualifie du terme, un peu technique ma foi, d'élégance, entre semblables s'entend. Postulons donc cette Marcela Iacub là.

                   Postulons la Marcela Iacub déjà évoquée choisissant parmi un infini des possibles le sujet de sa chronique  hebdomadaire et arrêtant arbitrairement son choix sur la question du suicide au travail. Le suicide, quel travail !




            Cet article en 891 mots, 6 paragraphes composé comme il lui est d'usage de phrases briquée pour s'y mirer. La phrase d'accroche tient de la science, même si je ne saurais bien démêler laquelle " Depuis quelques années, les conditions de travail provoqueraient des suicides ".  Nous pouvons déjà constater que Marcela Iacub évoque un  laps de temps confus et un postulat tout à fait hypothétique. Observons alors la phrase qui suit. " Les médias (Libération du 29 avril) ne cessent de souligner ce «phénomène nouveau» comme si les rapports de causalité entre le mal au travail et le suicide étaient évidents ". Je ne crois pas que Libération, en considérant notamment ses ventes, représente tout "les médias". Je ne saurais pourtant dire ce qui se dissimule derrière ce pluriel . Itélé, Alternatives Economiques, Mediapart, Actes de la recherche en science sociales, Suicide Magazine, le blog de ta grand mère ? Les "médias".

Il faudrait à vrai dire presque reprendre chaque phrase une par une et les contempler interdits.  Iacub se penche sur ce sujet du suicide au travail comme qui se pâme. Iacub feint donc d'ignorer que qui fait le choix de se suicider sur son lieu de travail plutôt qu'ailleurs émet par la même un signal sur la motivation de son geste, pour ce que j'en sais. Passons ensemble sur le fait que Mme Iacub évoque le fait que les chômeurs comme les prisonniers se suicideraient moins que les travailleurs. Donne t'elle une seule statistique pour appuyer ses dires  ?  Se demande t'elle pourquoi certaines professions sont plus marquées que d'autres par le suicide, pourquoi tel ou tel pays ne l'est pas. Un "Selon les médias" lui suffit  tandis qu'elle fait signe au garçon de bien vouloir lui remettre une prune. Marcela Iacub n'écrit même pas depuis sa classe, seulement depuis sa place au comptoir du poncif et du remettez nous çà.

Mais c'est que pour Mme Iacub il faudrait quand même voir à ce que chacun reste à sa place. Les revendications sur les conditions de travail ou les salaires doivent se faire sous la forme traditionnelle. Il ne saurait être question de tolérer le suicide comme mode revendicatif car il s'apparente à du "terrorisme". Le groupe Jan Palach fondé dans le plus grand secret par l'inter syndicale CFDT, Sud, CGT, CNT, CFTC, FO, CGC  pourra t'il s'en remettre ? Je ne le sais ni.

Il y aurait encore bien des choses à écrire sur ce sujet. Soupeser chaque paragraphe pour saisir ce qui s'y
cache d'ignorance et de mépris. Mais pour tout te dire je t'avoue que devant cette tâche les bras m'en tombent.


            Considérons, pour ce qui me concerne, que tous les postillons qui composent cet article de Marcela Iacub et qui ce soir nous occupèrent ne sauraient se confondre avec les sanglots que tant de fois des familles versèrent sur celui ou celles qui trop brutalement les quitta. 

Récitons lui ensemble ces quelques vers d'un poète. Ils valent mieux que tout ce qui pourrait encore s'écrire 

Petit Mort Pour rire

   Va vite, léger peigneur de comètes 
 !Les herbes au vent seront tes cheveux 
 ;De ton œil béant jailliront les feuxFollets, 
prisonniers dans les pauvres têtes...
 
Les fleurs de tombeau qu’on nomme Amourettes 

Foisonneront plein ton rire terreux... 
Et les myosotis, ces fleurs d’oubliettes...
 
Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes

 Pour les croque-morts sont de simples jeux
,Boîtes à violon qui sonnent le creux
...Ils te croiront mort — Les bourgeois sont bêtes
 —Va vite, léger peigneur de comètes 

Tristan Corbière



( Par ailleurs Chr Desjours a écrit des ouvrages sur le sujet de la souffrance au travail. Je te renvoie à cet entretien qui me parait apporter des pistes intéressantes sur ce sujet
)

Sur le même sujet par  @JimboDeLunch

Réponse à Marcela Iacub

 

Mais aussi par  

 

et enfin par

http://www.acontrario.net/2013/05/19/marcela-iacub-travail-suicide-ignorance/ 

 

*Toujours au travail  Vie d'ouvrier
                             

Il y a des Blogs



Il y a des Blogs

 ( Note de service.   Cet article est déjà paru sur mon précédent blog sur Wordpress qui a disparu sur un obscur motif de manquement aux " obligations de service ". Dans le but de contribuer au Bloggage ambiant je la republie ici. Ca me dispense d'en écrire d'autres. Astuce )

 

 

Il y a des blogs

par ostinatrofimov

Il y a des blogs. Il y a des blogs de Kikoolol, des blogs de journalistes, des blogs à gifs, des blogs de critiques ciné, des blogs d’avocats, des blogs à mamans, le blog de Stoni  1983 , des blogs de geeks, des blogs de vacances, des blogs de voyages, des blogs disparus, des blogs interrompus, les blogs féministes, Comment je suis devenue féministe, des blogs sans intérêts, des blogs intéressés, des blogs un peu perdus, des blogs ou tu t’égares. La liste est non exhaustive, mais tu te dis facile que chacun peut y trouver sa gamelle.
Donc un jour j’ai voulu trouver un Blog d’ouvrier et tapoté ma recherche sur Google. C’était maigre. Même en remontant sur quelques pages. J’ai voulu rameuter les potes sur Twitter, pas mieux.
Tu trouves bien quelques trucs. Mais ça remonte un peu.
via @tlbc13
( la liste est vraiment non exhaustive. Si tu veux participer à l’enrichir, je prends )
Contrairement à l’idée qu’on peut s’en faire, les ouvriers n’ont pas disparu de la société française. Sociologiquement ca constitue toujours un groupe important de la population active
( Selon le rapport de l’INSEE de 2011 20% de la population active. Comparé aux autres catégories ça reste plutôt significatif).
Pourtant toute cette masse d’ouvriers ne vient pas s’exprimer sur les Internets. Ca me rappelle une émission de Arrêts sur images ( la période où ca passait à la TV. Ne te précipite pas sur tes archives ) ou Bourdieu était en face de Jean Marie Cavada et disait que les travailleurs étaient « plus parlés qu’ils ne parlaient » dans les médias.
Parce qu’il faut bien dire qu’il y a des gens, je me demande encore ce que la classe ouvrière leur a fait.
Tiens, tu as François Bon, auteur impérissable de Daewoo, sur les ouvrières de l’usine éponyme. Alors Mr Bon, si vous en veniez par aventure à lire ceci, je ne veux porter aucun jugement négatif sur votre ouvrage. Juste que j’ai ressenti plus d’empathie pour des catalogues de la Redoute ou des 3 Suisses. Les mannequins paraissaient plus humains. Ou alors, faut qu’on m’explique.
Il y a aussi Les vivants et les morts de Mr Gérard Mordillat, avec la même presse dithyrambique. Là aussi, comment peut on se pâmer pour un auteur qui écrit benoîtement que son héroïne est appelée Dallas « parce qu’elle a oublié son nom de baptême » (une ouvrière, tu ne vas quand même pas l’inscrire à l’état civil) et qu’elle se bat « comme une gamine de 5 ans ».  Tout son roman est plein de notations bien rigolotes pour qui pratique l’humour sexiste. Aussi, tu peux chercher les 800 pages du bouquin tu n’en trouve pas une ou les ouvriers bossent, produisent. Chapeau. Ou alors, faut qu’on m’explique.

"Les vivants et les morts" de Mordillat

Pourtant il y a eu des choses bien sur les ouvriers, voire même sur la Classe ouvrière. Il y a ce documentaire de Hervé Le Roux, « La Reprise » basé sur ce petit film « La reprise du travail  à l’usine Wonder » et qui raconte beaucoup de choses je trouve, sur l’époque, sur ce qui s’est gagné, ce qui s’est perdu. D’ailleurs tu apprends dans le film que toutes les  personnes qui discutent autour de cette ouvrière qui  ne veut pas retourner « dans cette taule » en lui expliquant bien tout, ne travaillaient pas dans l’usine Wonder. Bon. Elles sont toutes pleines des meilleures intentions, mais voilà quoi. Mais pendant le film le réalisateur pose sa caméra bien en face de ses personnages, sans même un champ/contrechamp, et les laisse parler. Truc de guedin.
Tu as aussi le bouquin des deux sociologues Beaud/ Pialoux «  Retour sur la condition ouvrière » aux éditions la Découverte basé sur une enquête aux usines de Sochaux. C’est dans ce bouquin qu’un des auteurs commence par interroger ses étudiants en master pour savoir combien il y a d’ouvriers aujourd’hui, en France. Les réponses en disent beaucoup sur la perception du truc.
" Cours de licence en Sociologie Janvier 97. Le professeur demande combien il y a d’ouvriers en France au sens statistique ? Une étudiante lance 200 000 . La salle après surenchère et débat transige a 1,5 millions . Plus tard ce fait est évoqué en Master de Sciences Sociales ( c’est là tu apprends que le noeud de cravate trahi ton désir sous jacent de t’inscrire dans une société hiérarchisée). Les étudiants se récrient . Ils se mettent d’accord a 2, 5 Millions ( après des assertions a 300 000 ) . Les chiffres du recensement de 1990 sont a 6, 5 Millions.
Cf " Retour sur la condition ouvrière", Pialoux/ Beaud Editions Fayard 2004.
Pour les futurs experts en ces choses nous sommes des fantômes . Voilà voilà
http://www.decitre.fr/gi/84/9782213603384FS.gif
D’ailleurs, s’il y a beaucoup d’œuvres plus ou moins bonnes sur les ouvriers, la plupart, pour ce que j’en ai vu, semblent sur le mode de la disparition ou du deuil.
Prenez La graine et le mulet de Abdellatif Kechiche ( qui doit être un des films français les plus bouleversants sur ces 15 ou 20 dernières années, parce qu’il y a des choses aussi simples et vrais que des corps et de la parole) c’est l’histoire d’un mec qui a perdu son travail et tente de retrouver une place.
Ce que je chercherais ce serait plus comme une sorte de Harvey Peekar de la classe ouvrière. Je ne sais pas si tu connais. Un mec qui bossait dans je ne sais et on s’en fout quel administration US et écrivait des histoires de rien sur ce qui constitue son quotidien. Même pas des péripéties, même pas un fait divers. Juste un fait de rien, rendu important par le simple fait qu’il l’ait vécu. Tout ceci constituait des scénarios de bande dessinées illustrés par des potes ( Crumb entre autres) pour  composer « American Splendor »
L’enjeu ce serait de montrer le réel avant, voire même au lieu du drame. La façon dont un ouvrier constate qu’il est soumis par son statut de salarié et pourtant tente de composer, à la fois de gratter des espaces à son niveau mais aussi recule, en même temps.
L’enjeu ce serait de montrer comment être ouvrier, c’est amener son corps à son poste puis l’observer, le mettre en jeu face à la charge de travail.
Alors je devine la réponse, formulée plus ou moins ouvertement. Si les ouvriers ne bloguent pas, c’est d’abord parce que ce sont des ouvriers. Genre blogueur, ce serait un truc de CSP +. Bon. Déjà faudrait revenir à la liste du début pour constater que sur quelques blogs au moins s’ils sont le fait de CSP+ ce n’est pas là qu’ils mobilisent toutes leurs compétences. D’ailleurs bon si Aphatie est un CSP + tu te dis que oh bien des choses en somme.
Plus sérieusement les ouvriers sont aussi capables que d’autres d’écrire sur ce qu’ils veulent. Tu veux que je te dise. Depuis que je bosse en usine il m’est arrivé à 3 ou 4 fois  que des collègues me confient «  tu sais, j’écris ». Pourtant à chaque fois ces collègues écrivaient sur bien d’autres sujets que leur travail. Un roman. De la science-fiction souvent. Le souci c’est pas tant les capacités que la motivation en plus du fait de devoir lever deux trois inhibitions. Une paille quoi.
On en est tous là. Parler de ton travail,bon, tu as la machine à café pour çà. Sorti de là, tu as fait le tour. Si je tapais sur Google Blog de routiers, d’employés ….
Donc, on n’est pas beaucoup plus avancé. Des blogs d’ouvriers, c’est la misère.
si tu as aimé ceci peut être que ceci t’intéressera

vie d’ouvrier

Rajout du Samedi 11 Mai 2013
Petite Bibliographie sommaire
Recommandé par la maison
"Retour sur la condition ouvrière " Ed Fayard 1999. Beaud / Pialoux
http://fr.wikipedia.org/wiki/Retour_sur_la_condition_ouvri%C3%A8re
" Violences urbaines, violences sociales " Fayard 425 pages. 2004.  même auteurs
Qui est le Tome 2, ( genre La condition ouvrière elle revient et elle est pas contente  ? Oh bon ca va !)
Tu as aussi des choses dans le bouquin " La misère du monde " publié aux Editions du Seuil sous la direction de Pierre Bourdieu en 1993 et auquel si je me souviens bien Beaud et Pialoux avaient dû participer. Toujours dans les bons coups.
Sinon tu peux aussi tenter Les vivants et les morts de Mordillat ou Daewoo de François Bon ou aussi lire des éditos de Laurent Barbier ou de Christophe Giesbert. Vraiment, je ne te juge pas.
Par ailleurs Aurelie Filipetti avait écrit un bouquin intitulé " les derniers jours de la classe ouvrière ". Comme je ne l’ai pas lu je ne peux pas en dire de mal. Je suis bien emmerdé. Qu’est ce t’en pense ?
A. Lasverne nous recommande l’ouvrage "Histoire de la littérature prolétarienne de langue française". Bon.  (Peut on encore aujourd’hui utiliser l’expression de prolétariat alors mêmes que les salariés ont obtenus de haute lutte des droits auquels ceux qu’on appelait les prolétaires n’osaient même pas rêver ( Congés payés, retraites, réductions du temps de travail, comité d’entreprises … ) Je ne sais pas)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_prol%C3%A9tarienne
en tout cas le bouquin de Ragon existe aux éditions Albin Michel. Le premier dessus en parle aux autres.
Sinon du côté des films il y a aussi du matos
On a déjà évoqué  "La reprise" film de Hervé le roux disponible en DVD et qui doit peut être encore tourner parfois dans les réseaux militants. C’est du bon.
Le film de Abdellatif Kechiche La graine et le mulet. alors juste un mec qui sait filmer aussi bien un truc comme l’échange de la parole, faudrait même pas lui consacrer des monuments, baptiser des cinémas ou des collèges à son nom du côté de Kerhéro, du pertre ou de Saint perpête les oies faudrait encore mieux , un truc de guedin j’avoue, voir ses films. Pardon. Je m’emporte.
Sinon Οὖ τις nous recommande "Les Lip, l’imagination au pouvoir." documentaire de Ch Rouaud ) Je l’avais vu il y a longtemps. Je recommande parce que des mecs capables de porter des pulls pareils tu sens qu’ils sont capables de tout, voire même de militer. La scène où ils racontent comment ils ont monté une combine de mafiosis pour transporter leurs montres effacent tous les James bond ( bon pas les manips de Guéant, mais face à claude tu peux pas test)

Voilà on a fait le tour de quelques trucs intéressants. Si tu veux compléter la liste sur les blogs, bouquins, petits mickeys, films ou jeux vidéos ( ben quoi ? ) portant sur cette noble profession d’ouvrier agite tes petits bras musclés. Bisous.

Ajout du Dimanche 12 Mai 2013

Donc Partageux
nous recommande  "Voix d’en bas".  Titre d’une collection aux éditions Plein chant. http://www.pleinchant.fr
"Loïca" et "Le voyage à Paimpol", (Seuil) 2 romans de Dorothée Letessier
( il me semble avoir vu passer quelque part le voyage à paimpol)
Tuta Blu de Tommaso di Ciaula (Actes Sud)
"Travaux" de Georges Navel (Folio)
avec l’article qui va bien http://creatives.livejasmin.com/

pw-pw
Nous indique les blogs suivants
* http://chefchantier.skyrock.com/
* http://fosaturn.unblog.fr/ (syndicat)
* http://www.plombiers-reunis.com/ (bon, c’est un forum, pas un blog…)
* http://bespoke.blog.lemonde.fr/

http://precairedusavoir.over-blog.com/ http://incorrigibles.wordpress.com/ http://collectifevs49.unblog.fr/
( je n’ai pas encore eu le temps d’explorer )

Sinon je recommande chaudement cet article sur le blog de pensezbibi
. http://bit.ly/zGxLS8 "   
" lire, c’est se faire la guerre " c’est TELLEMENT çà
et ces deux autres articles aussi
http://bit.ly/xMIneU
http://bit.ly/yGBHK7

Par ailleurs jimbo recommande le coffret
http://www.arkepix.com/kinok/DVD/MEDVEDKINE_Groupe/dvd_coffretMedvedkine.html
( pour le groupe Medvekine cette émission sur France Culture http://www.franceculture.fr/podcast/4486029 )
Il y a donc aussi le film de Karmitz Coup pour coup et La classe ouvrière va au paradis.

Voilà. Je crois qu’on a fait un peu le tour de la collecte pour l’instant. Et il y a déjà BEAUCOUP de choses.

mardi 14 mai 2013

La guerre des boutons. Roman de ma douzième année.


Jeudi 19 novembre
 
La guerre déboutonne...

 



Il faut tout d'abord dire que parler de « La Guerre des Boutons, Roman de Ma douzième Année » Roman de Louis Pergaud c'est payer une vieille dette. J'étais un freluquet d'une dizaine d'années nourri de Club des Cinq lorsque j'ai lu La Guerre Des Boutons. J'ai encore l'édition sous les yeux. C'est un Livre De Poche datant de 1965 qui n'a pas toujours supporté la vie que je lui ai mené. C'est là que j'ai découvert que les livres pouvaient vous laisser une saveur, une odeur, un arôme...La Littérature m'ouvrait ses portes sur une histoire entamée par un « Couille Molle » jetée comme une déclaration de guerre picrocholine.
     

La guerre des Boutons c'est l'enfance


Les personnages du roman sont Lebrac, chefs des longeverne, ses principaux lieutenants, Camus, La Crique, Tintin, la Gambette, Grangibus et Gibus. Ils portent tous des noms de scène ou des noms de guerre, c'est selon. C'est un roman d'enfance. Les personnages adultes, Le Père Simon, instituteur et Bouillon le garde chasse, figure d'autorité, ne sont évoqués qu'au passage.. Une barrière hermétique existe entre le monde enfantin et celui des adultes.
«  Comme si les enfants, vite au courant des hypocrisies sociales, se livraient jamais en présence de ceux qui ont sur eux une parcelle d'autorité! Leur monde est à part, ils ne sont eux mêmes, vraiment eux mêmes qu'entre eux et loin des regards inquisiteurs ou indiscrets » P 171; chapitre III, « La comptabilité de Tintin. »
C'est une enfance campagnarde et paillarde. La fréquentation de la ferme et la cohabitation avec les animaux a développé chez eux un mimétisme particulier à tel point qu' on les voit « trouant les haies, franchissant les fossés, vifs comme des lièvres, hérissés et furieux comme des sangliers » P 326, Chapitre VI  "L'honneur et la culotte de Tintin."
Ce voisinage les a aussi instruit des choses de la vie, la reproduction pour tout dire, au grand désespoir du maître qui voudrait les en préserver.
« Comme si l'acte d'amour dans la nature n'était pas partout visible ! Fallait il mettre un écriteau pour défendre au mouches de se chevaucher, au coqs de sauter sur les poules, enfermer les génisses en chaleur, flanquer des coups de fusils au moineau amoureux, démolir les nids d'hirondelles, mettre des pagnes ou des calecons au chiens et des jupes au chiennes et ne jamais envoyer un petit berger garder les moutons , parce que les béliers en oublient de manger quand la brebis émet l'odeur propitiatoire à l'acte et qu'elle est entourée d'une cour de galant ». P 236, 237.Chapitre VIII « Autres Combinaisons  . Ces jeunes gens ont de viriles préoccupations, capables de se mesurer à qui a la plus grande ( P 310, Ch V Querelles intestines). Pour autant ces jeunes gens ont pour le sexe opposé un mélange de fascination et de répulsion ( cf P 254- 255, Ch 1, « La Construction de la cabane »).
              Ce roman est celui de l'apprentissage par l'action. Nous avons
 le classique du roman d'enfance, celui de la construction de la cabane
« Ils réaliseraient leur volonté; leur personnalité naissait de cet acte fait
 par eux et pour eux. Ils auraient une maison, un palais, un panthéon, où
ils seraient chez eux, où les parents les maîtres d'école et le curé, grands contrecarreurs de projets, ne mettraient pas le nez, où ils pourraient faire
en toute tranquillité tout ce qu'on leur défendait à l'église, en classe et
dans la famille... » P 247, 248, Ch 1, « La Construction de la cabane »).
Mais ici l'auteur en a a fait une déclaration fouriériste, l'acte de naissance
d'un phalanstère juvénile, « Libres enfants de Longeverne »



        La Guerre des Boutons c'est la Guerre Déboutonnée


      Cette Guerre passe d'abord par le langage. ( pendant qu'on y est sur le titre j'ai une théorie toute personnelle . En 1870 on attribué au ministre de la guerre Le Maréchal Le Boeuf ce mot «  Il ne manque pas un bouton de guêtre ». Le mot est aussi apocryphe que le fameux  « Emma, c'est moi » de Flaubert et le « Elémentaire, mon cher Watson » de Sherlock Holmes. N'empêche que je suis sûr que le titre vient de là.
http://www.canalacademie.com/Il-ne-manque-pas-un-bouton-de.html
Voilà une révélation faite en passant.).
          Elle s'entame par ce mot nom (oui je sais c'est un jeu de mot minable mais si je ne les fais pas qui les feraient) de Cambronne mais de « Couille molle » lancé par les velrans aux longevernes. Elle sonne pour les longeverne comme la dépêche D'Ems. La guerre commence donc. Les longeverne deviennent tous sur le champ des guerriers .Celle ci a ses rites. Elle passe donc par l'insulte.
Je cite au passage cet extrait d'échanges diplomatique,
 P 37, 38 Chapitre 2
  « Tension diplomatique »
«  C'est pas passe que ton père tâtait les couilles des vaches sur les champs de foire que t'es devenu riche »
«  Longeverne, pique merde, tâte merde, monté sur quatre pieux, les diables te tirent à eux »
«  Étrangleurs de chat par la queue »

           C'est quand on se place dès le début sous le haut patronage de Rabelais ( Cf préface ) il faut bien savoir verdir son langage. Mais cette guerre est aussi le reflet de son époque. C'est le conflit entre catholiques
 et rouges
«  Car on était calotins à Velrans et rouge à Longeverne » P 74 Ch 5, « Conséquences d'un désastre. ».
Les Longeverne sont pour la plupart
«  vrai fils d'un père qui lisait Le Réveil des Campagnes et Le Petit Brandon, Organe anticléricaux de la Province » P 205,Ch 6 «  Cruelle énigme ».
Les propos anticléricaux sont donc légions, quelques faits d'armes aussi.
Mais il ne faudrait pas en conclure pour autant que les longeverne sont rigoureusement hostile à la religion en elle même. Ils sont plutôt opposés
à l'institution. Mais à les lire attentivement on pourrait les voir comme favorables à une religion paillarde ou paganiste où la nature pourrait
 tenir pleinement sa place..
«  La Crique religieusement avait partagé chaque poisson en quatre(...)Il avait l'air d'un prêtre faisant communier ses fidèles » P282, CH 3, « Le Festin dans la Forêt »).
( Cf P 253,254 Ch 1, « La Construction de la cabane »).

        En même temps ce roman est cruel. Ces jouvenceaux se livrent sur
 leur congénères à des actes d'humiliation, en les dépouillant de leur oripeaux, voire même à ce qu'on peut qualifier de tortures
( Cf P 50 à 52, CH 3 Une grande Journée, mais aussi et surtout ce qui s'apparente à un acte d'exécution sociale, 350 à 356, Chapitre 8 «  Le Traître Châtié ».
L'auteur a pour cette violence le même regard que pour le sexe, faisant partie des choses de la vie, il n'y a aucune raison pour les dissimuler.
«  Les sanglots des martyrs et des suppliciés sont une symphonie enivrante sans doute » Ch Baudelaire, Le Reniement de Saint Pierre, Les Fleurs du Mal » Epigraphe du Ch 9, Tragique rentrée.


Mais cette guerre des boutons c'est tout simplement la Guerre tout court. Jetons ensemble un regard à la table des matières de la première partie.


Livre I La Guerre
1 La déclaration de guerre
2 Tension diplomatique
3 Une grande Journée
4 Premier revers
5 Les conséquences d'un désastre
6 Plan de Campagne
7 Nouvelles batailles
8 Justes représailles


C'est le crescendo de la survenance de la guerre et de son déroulement.
Le livre est écrit en 1912. N'en tirons pas trop de conclusion sur le génie prémonitoire de Pergaud. La vérité est que ce livre est imprégnée d'une époque où la guerre planait et où chacun en était conscient.

«  Hein ! On leur z'y a posé! Ca leur apprendra à ces alboches là »
   P 53, Ch 3 «  Une Grande journée ».
Pourtant ces jeunes gens attentifs à préserver leur jardin secret ont aussi envers les conscrits une sorte d'admiration et de hâte à en être pour savoir ce qu'il en est de bien des choses.
« Plus tard quand on sera conscrit, on le saura nous aussi va » affirma Tigibus, pour exhorter ses camarades à la patience » P 288, Ch 3 «  Le Festin dans la Forêt ».


 Finalement tous les Longeverne seront bien conscrits.


«  Les plumes grincèrent sur le papier pour la date qu'on mettait . Lundi 189.
Ephémérides : commencement de la guerre avec les Prussiens. Bataille de Forbach » P 103, CH 7, «  Nouvelles Batailles »

                               
Ce roman est celui de leur douzième année. La première guerre mondiale commencera en 1914. Ils monteront sans doute au front la fleur au fusil.  On laissera la conclusion à La Crique 

«  Dire que quand nous serons grands nous serons aussi bêtes qu'eux »


  " attends moi Grangibus ! héla Boulot, ses livres et ses cahiers sous le bras. " Relisant cet incipit je réalise enfin combien il est un cri de l'auteur envers sa jeunesse qui s'enfuit. Je rends bien d'ordinaire tous les homnages requis aux classiques. Mais il m'arrive encore bien souvent de me glisser dans ces pages jaunis et cette langue qui, comme dirait Lebrac, fait le chapelet et me semble une fontaine de Jouvence. Louis Pergaud (1882-1915) est l’auteur de romans et de recueil de nouvelles, dont : La Guerre des boutons, , et De Goupil à Margot, prix Goncourt en 1910.

lundi 13 mai 2013

Shibboleth it Be

Ce matin je regardais la deuxième des 7 saisons de la Série " A la
Maison Blanche " écrite par Aaron Sorkin. Elle raconte les aventures
de Bartlet, Président Of the United States ( POTUS). Bartlet dans la
série en plus d'être démocrate, il est fort, fort, fort. 


Il peut te dire quel température il fait sur Mars ( en convertissant en Celsius
s'il y a besoin ), quel pourcentage d'acier il y a dans un couteau
suivant s'il est américain ou allemand et connaît sur le bout de ses
doigts l'histoire antique. Fort, fort, fort quoi. Je suis sûr qu'il
pourrait aussi dire plein de choses sur la vie de John Reed. Mais
jamais personne ne pense à l'interroger sur ce sujet. C'est bête. D'un
sens il pourrait en parler de lui même, mais non
.

Dans un épisode de la série, des clandestins chinois arrivent sur les
côtes américaines et demandent l'asile politique, déclarant être des
chrétiens persécutés par leur pays. La question se pose de savoir si
ce sont de vrais chrétiens, les chinois quand même. Alors le POTUS il
dit " Fastoche. Je vais libérer un moment dans mon emploi du temps
d'homme le plus puissant du monde pour en rencontrer un et  lui
demander de me dire "Shibboleth" ". Bon, les gens autour, ils se
demandent un peu ce qui lui passe par la tête. Mais d'abord c'est le
POTUS et il est fort, fort, fort. Parce que c'est le POTUS sans doute.
Donc ils lui amènent l'un des chinois, ils lui ont mis un costume et
tout.. Tous deux discutent un peu de Dieu, de La Bible et puis le
chinois il lui dit " shibboleth ( 's go ) ". Alors il est sauvé.
Classe. D'ailleurs après, le POTUS dit que même s'il n'avait pas dit
Shibboleth il aurait été sauvé, parce qu'il est comme çà. Bon,
maintenant que les États Unis ont perdu leur AAA c'est plutôt les
américains qui se préparent à construire des radeaux pour parvenir sur
les côtes chinoises et se constituer réfugié économique. D'ailleurs
ils sont plutôt embêtés parce que justement ce sont plutôt les chinois
qui leur fabriquent tout maintenant.  Mais quand même.


Donc j'ai voulu savoir ce que c'est shibboleth.
http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Shibboleth

L'origine du terme vient de La Bible, dans l'Ancien Testament. Il peut
vouloir dire en hébreu שבולת " branche" ou " flot ". Dans Le Livre des
Juges la tribu des Giléadites ( bon c'est pas ma tribu préféré ) qui
avaient battu les éphraïmites ( avec un nom pareil je présume qu'ils
ne sont apparu dans l'Ancien Testament QUE pour se faire étaler par
leurs petits camarades ) lors d'une bataille avaient trouvé ce truc
pour distinguer les leurs des fuyards. Il suffisait de demander aux
suspects de dire  le mot " shibboleth", suivant leur prononciation ils
savaient s'il fallait le libérer, ou le tuer. Wikipédia dixit "Les
Éphraïmites se trompant sur la façon de prononcer la lettre sh, ils
écorchaient là le dernier mot de leur vie…". Bon esprit.. Encore plus
quand tu découvre en grattant un peu dans Le Livre même que les
éphraïmites et les  Giléadites descendaient tous du même père, Joseph,
fils de Jacob ( qui lui est un des meilleurs personnages de L'Ancien
Testament avec le Prophète Ézèkiel mettons )
D'où on peut conclure que dans La Bible pour qu'un seul individu
puisse engendrer deux tribus à lui tout seul les gens faisaient plein
plein d'enfants et que les conflits fratricides c'était bien tendu,
tendu., à l'époque. ( Oui je connais la formule, quel conflit n'est
pas fratricide ? Réponse, celui des bretons avec les normands qui nous
ont quand même un peu dépouillé du Mont Saint-Michel. Je peux t
assurer que nous n'avons aucun lien avec ces gens là. Compare Brest
mettons avec Le Havre, Même nos grisailles ne se confondent pas )


Ensuite on trouve de nombreuses récurrences de ce procédé dans
l'histoire. Notamment une histoire de parapluie, en Alsace lors de la
Première Guerre Mondiale. Le dialecte alsacien était utilisé par les
allemands aussi. Donc un chanoine avait inventé un test pour les
dépister. Montrer aux suspects un parapluie en leur demandant de le
nommer. Les alsaciens disaient " barabli ", les allemands "Regenschirm
" ou "schirm". Le tour était joué, le teuton aussi. On peut
raisonnablement penser que le chanoine, homme du Livre,   connaissait
l'épisode de Shibboleth et s'en était inspiré.  Tu me dira peut-être
qu'un parapluie, quand même,  l'ironie de l'histoire que ceci se passe
un peu comme un Karambolage**. Ben oui c'est l'idée du Shibboleth, il
n'y a pas de différences fondamentales entre les individus sauf à en
inventer d'artificielles, comme des histoires de parapluies quoi.

Pour résumer, le terme de shibboleth désigne donc un peu tous ces
termes, ces procédés que l'on utilise pour dépister ceux qui sont des
nôtres ou n'en sont pas ou ceux dont on ne veut pas. Certains se
servent de la culture pour çà, trouver des signes de connivences pour
dépister les autres.
Surtout que on peut en arriver au mot lui même, rien que dans sa
traduction française. Il rappelle la théorie scientifique " la
fonction crée l'organe " toussa. Regarde le. Shibboleth. Un truc
pareil déjà tu ne sais pas comment l'écrire, schiboleth, shibboleth,
sibbolete, chibboleth alors le prononcer... T'as l'impression d'une
nouvelle épreuve dans un jeu de société. En fait ouais c'est bien çà,
Un truc fait pour savoir, si t'en es.

D'un sens, je pourrais dire que une bonne part de ce que je cherche
dans la Littérature c'est de pouvoir prononcer Shibboleth en toutes
circonstances, dans tous les milieux. Shibboleth ( it be )  les gens,
je suis des vôtres.  Mais pour Shibboleth l'important ce n'est pas de
le savoir, c'est de le définir.


Tu pourras me rétorquer que tout ceci est bien bien dépassé. Nous n'en
sommes plus là. XXI e Siècle, nous voilà. .

N'empêche. Repensant à ce débat sur l'Identité Nationale , ces 
apéros saucissons pinards en vogue dans la "DroitePopulaire ( sic !) , 
entendant Jean François Copé proposer un serment
d'allégeance aux armes pour tout jeune je réalise enfin que l'idée du
Shibboleth ce n'est pas tant de savoir à qui tu adresse des signes de
connivences que d'avoir décidé ceux que tu repousse. Il y a  chez
certains des façons de prononcer des mots tels que allez au hasard
Laïcité, sécurité immigration ou s'entendent comme des bruits de
bottes et bien plus terrible, le silence des pantoufles.


La semaine prochaine nous étudierons le mot Salsifi, qui eut lui aussi
d'innombrables implications historiques.
. .





*( Oui j'essayais de vous glisser que j'ai déniché chez un bouquiniste
la biographie de ce journaliste américain qui a écrit un livre sur la
Révolution Bolchevique " 10 jours qui ébranlèrent le monde " et
inspiré un film de et avec Warren Beatty Reds avec la participation de
Mia Farrow. On en reparlera je crois )
** Karambolage est une émission de Arte consacré à ces petites
différences entre français et allemands ( la musique de fond est 1
défi sonore à mes noreilles )

Holly Motors

Ma découverte de Leos Carax se fit sur la vision des amants du Pont Neuf. Leos Carax  C'était Juliette Binoche errant sur le décor. Denis Lavant clochard céleste et alter ego de Leos Carax arpentait Paris et ce Pont Neuf, le plus vieux pont de Paris, qui était sa tanière.J'avais 16 ans en 1992 et découvrais, troublé, perplexe, que le Cinéma peut et donc doit être une joie extraordinaire et qu'il existait au moins un réalisateur capable de le porter à son point d'incandescence.




A l'époque les critiques s'étaient faites nombreuses contre Leos Carax et le décor du film qui semblait avoir autant enflé que l'ego du réalisateur, engloutissant ce qui était devenu le plus gros budget du cinéma français et quelques producteurs aussi. Leos Carax avait plus ou moins disparu des écrans radars pendant de nombreuses années. Il réalisa ensuite Pola X, adaptation libre de Pierre Ou Les Ambiguités de Melville, avec Guillaume Depardieu et Katerina Golubeya. Ceux ci ont depuis tous deux disparus. Il y a ainsi toute une litanie de personnes qui ont accompagnées l'oeuvre de Carax pour y laisser leur marque et ensuite s'effacer. Escoffier, Chef op' de la Trilogie Boys Meet Girl, Mauvais Sang, Les Amants du Pont Neuf ,Reggiani  et Hugo Pratt acteurs de Mauvais Sang, Klaus Michael Gruber acteur des Amants du Pont Neuf, Dahan ou Fechner producteurs successifs des Amants du Pont Neuf ......










Holly Motors s'ouvre avec en prologue un personnage, Leos Carax le réalisateur, s'éveillant d'un long sommeil et parvenant ensuite en pyjama comme The Yellow Kid, dans une salle de cinéma. Apparait au plan suivant le personnage principal Mr Denis Lavant qui sera presque la matière de tout le film, présent dans tous ses plans, moteur de l'action. Lavant comme L'avant coup d'oeil dans le rétroviseur et ce coup d' Avant (ce) que le réalisateur a sur le cinéma.  Il va naviguer dans Paris à bord d'une limousine conduite par Edith Scob qui semble avoir les traits de l'Américaine de Mauvais Sang. Celle ci est longue comme une corbillard portant le deuil de tous les absents et blanche comme une voiture de fiancailles avec toutes les opportunités offertes.
Durant tout le film Denis Lavant devenu Oscar va endosser 11 rôles, farfouillant à chaque fois dans la limousine pour y trouver masques et costumes, camelot protéiforme se déplacant avec sa roulotte aux tous débuts du cinéma pour offrir son spectacle au tout venant . Depuis Les amants du Pont Neuf Leos Carax a réduit ses artifices à l'essentiel, l'acteur.  Holly Motors relit à la fois histoire du cinéma et cinéma de Carax, par citation ou triturage, tentant comme le dit Edith Scob de rattraper 20 ans en 20 minutes. Carax a toujours la nostalgie féconde et invente encore un cinéma imbibé de références
. Oscar va jouer un banquier, une mendiante, un ouvrier de Motion Capture, l'assassin de son double, croisant Kylie Minogue et surgissant en satyre des égouts dans les allées du Père Lachaise pour dérober Eva Mendès à un photographe de mode ... cherchant à chaque fois, dit il "la beauté du geste". Comme lui répond Piccoli passant en un clin d'oeil au passé, "La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde"



                  Je voudrais finir en citant Jacques Siclier, critique de Cinéma lui aussi disparu qui eut pour parler des Amants du Pont Neuf la plus belle définition du cinéma de Carax


"Les Amants du Pont Neuf restera peut être, et je le dis comme un compliment, comme l'expression suprême d'un narcissisme obstiné à élaborer un cinéma total"

Yi Yi


电影《一一》 片断1


Yi Yi est un film du réalisateur taiwanais Edward Yang


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 Il a reçu de nombreux prix dont celui de la mise en scène au Festival de Cannes en 2000.
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Le film commence par une scène de mariage. Parmi les convives la famille Jiang.  Il y a NJ, le père de famille quadragénaire au regard désabusé, son épouse Min Min, leur fille adolescente appliquée Ting Ting, le petit  dernier Tang Tang, deux grands yeux étonnés ouverts sur le monde. Durant tout le film le spectateur  va suivre leur parcours parmi ce qui composent des scènes de la vie ordinaire.


Chacun des personnages ne survient à l'écran qu'introduit par un autre et pour pouvoir y introduire le suivant. Yi Yi est un film sur le lien. Le lien entre chaque être, Les liens qui se nouent, qui se dénouent, qui se délient, qui se délitent, qui se renouent, qui s'entretiennent. Edward Yang, auteur du scénario comme des dialogues, tisse tout un ensemble de correspondances entre ses personnages, entre chaque scène, entre chaque plan. Ainsi la main qui a caressé celle d'une mourante est celle qui va se tendre vers l'être aimé, ainsi au moment précis où NJ revient sur les débuts de son premier amour vient en écho Ting Ting qui commence une autre histoire. Chaque personnage expérimente toute une série de sentiments lié à ses relations avec ses semblables la curiosité, l'affection, la dette, la colère, la peur, le manque, le deuil et tente d'y faire face tant bien que mal . Chacun  semble ainsi dans le film saisi à une étape différente du même parcours, face aux mêmes interrogations. Yi yi est un film où l'on entend battre le coeur des personnages, chacun à sa mesure et pourtant tous à l'unisson.


Tang Tang le petit dernier de la famille apprend la photographie et tente de photographier les nuques des gens pour tenter de leur révéler tout ce qui est dissimulé. Yi Yi est un film sur le regard, la sincérité, un hymne à un cinéma contemplatif fait de longs plans sur chaque personnage.






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Ting Ting joue du jazz au piano, Min Min chantonne une chanson française. Yi Yi est un film imprégné de musique parce qu'elle porte en elle les souvenirs et les sentiments des personnages.

enfin Yi Yi est un film dans la ville, ces immeubles aux fenêtres éclairées, ces lumières clignotantes et ces lumières qui palpitent comme les coeurs des personnages.


J'entendais hier au Masque et la Plume Neuhoff citant Truffaut qui disait qu'il allait au cinéma pour découvrir  soit la joie soit la douleur de filmer. Il se trouve que Yi Yi est l'un des rares films où ces deux sentiments se mêlent.




Edward Yang est décédé en juin 2007 à l’âge de 59 ans

Présentation subjective de l'auteur de ces lignes

1976 :  Naissance de Moi.

        Le fait que cet évènement ait été encadré par la mort de Jerry Lee Lewis et celle de Mao, le Bicentenaire de la Déclaration d'Indépendance des Etats Unis ou cette pénurie de pommes de terre qui entraîna par la suite une hausse du prix des frites en Belgique l'empêcha par la suite de prétendre deviner à quel destin le sort le promettait.

    1985 Entre à l'Action Catholique des Enfants, poursuivra cet engagement avec le Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne. Trinquera bien des années plus tard  au fait d'apprendre que ceci fait de lui un enfant de l'Education Populaire.



1986 Lecture de  

La guerre des Boutons, Louis Pergaud

. La découverte de la Littérature, cet univers aux possibilités infinies lui est un bouleversement . La lecture parait un moment occuper l'essentiel de ses préoccupations, son énergie . Moi inquiète ses parents. Les livres sont sa protection de l'humain, créature par trop envahissante.



1987  Moi passe une brève saison au club de foot paroissial. Ne parvient pas à faire entendre à Frère Donatien la nécessité, pour lui, de se munir sur le terrain d'un livre pour parer aux temps morts dans un match.
 

1988 Moi  milite, à titre personnel,  pour Antoine Waechter.



1989 Moi tente d'appréhender la notion de Deuil. A grand peine.
 

1992 Voit pour la première fois La pièce " La Cerisaie" de Anton Tchekhov. Moi  s'y découvre des sentiments russes. La lecture, quelques années plus tard , de " Oblomov" de Gontcharov ne fera que confirmer cette certitude.
Commence à voir les séries télévisées comme des oeuvres sensibles . "Urgences, tu vois, c'est un peu du Tchekhov, mais avec des voitures"
déclare t'il après quelques verres. Moi professe qu'il y a tout dans Balzac.

Moi fréquente quelque peu l'ouvrage de P Bourdieu
" La misère du monde".


Moi lit " La Place " de Annie Ernaux. Prends conscience qu'il faut chercher celle dont il a hérité.

Moi prétend avoir tant à dire sur Nouveau Né De La Tour .
Ferait mieux de ne pas, encore, redoubler une classe.



1994 Moi voit la pièce " L'homme Qui ", adaptation par Peter Brook du livre de Oliver Sacks " L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau" . Se prends un éclat de rire dans la tête, ne s'en remettra pas tout à fait .
 

1995 Moi commence à constituer, avec méticulosité, sa bibliothèque. On peut aujourd'hui y trouver les noms de Balzac,Dostoievski,Tchekhov,Gontcharov, Grossmann, St Augustin, Girard, Debray,Foucault, Goldmann,Vallès, Ernaux, Simenon, Hergé, Freud, Sophocle, Labiche, Lévi Strauss, Jakez Hélias, Morvan, Kerouac, Guthrie, Fante, Ellroy, Hugo, Gautier, Baudelaire, Racine, Corneille, Marivaux, Crébillon,Casanova,Rousseau, Chateaubriand, Louis René des Forêts, Fernandez, Saint Simon, Weyergans, Delaume, Houellebecq, Despentes, Rocard, Bossuet ....... Certains de ces ouvrages portent les traces d'annotations attestant de leur lecture. Son rangement témoigne, pense t'il, du même sens du détail.

Moi prends fait et cause pour Matthias Langhoff et sa mise en scène de la pièce " Philoctète" de Heiner Muller contre ses petits camarades de lycée.

Explique " Théorème" de Pasolini à un de ses camarades de classe qui est en ciné.


1996  Moi note comme un fait plein d'enseignement que F. Mitterrand a été enterré à Jarnac.
Moi se prends d'une rancune inextinguible pour son professeur de sport qui l'a gratifié d'un  " Déficience psycho-motrice" sur son livret scolaire.



Moi Rencontre Peter Brook un 2 Avril 1996 de 18 H 30 à 19 H 15 minutes et 27S. Effectue divers mouvements désordonnées qu'il prétendra être une danse de victoire.
 

Ecrit sa première critique de théâtre et reçoit la lettre d'insulte correspondante 
. Saisit un baccalauréat qui trainait.


1997 Moi adhère au Mouvement des Jeunes Socialistes qui "bâtit l'avenir, puisqu'il nous appartiens", et  foin du pragmatisme, cette inhibition soumise à l'air du temps. C'est que l'on est si sérieux quand on est militant qu'on ne peut attendre d'être élu pour avoir de l'esprit. Toutes ces résolutions, contributions, amendements, motions, dessinent une cartographie intime des champs du possible. Moi apprit aussi à modérer son  enthousiasme, savourer les défaites, surmonter les victoires, lorsque l'on parvenait encore à distinguer l'une de l'autre, mesurer son estime, marchander ses soutiens.


Faisant ses classes,Moi prends peu à peu conscience dela sienne.

Moi rencontre Matthias Langhoff . Y prends goût.

1998 Note à titre d'information que  " Le truc-chose là " de Bach lui fait ressentir des choses.


Moi envoie un courrier à David E Kelley pour lui soutenir que "John Cage, c'est trop lui et que çà lui fait tellement plaisir qu'il ne réclame pas de droits".

 
Il enverra la même épistole quelques années plus tard aux producteurs de Monk.




1999  Moi Apprends qu'en Littérature il faut y mettre infiniment du sien pour que les autres puissent s'y reconnaitre.
Moi se prends d'une affection irraisonnée pour le film "Yi yi" de Edward Yang. entreprends d'y convertir son entourage. Fatigue un peu tout le monde.


2002 Moi s'apprête à devenir vieux garçon, assister à des mariages,barmitzvah, baptêmes ou enterrements pour conserver le minimum de vernis social nécessaire, cultiver bonsaïs ou cactus, élèver tortues, chiens, chats.

2003  Moi voit un Ministre de l'Intérieur déclarer "Toutes ces propositions de peines, que ce soit la peine de sûreté ou la peine plancher, je les fais, bien entendu, en pensant tout d'abord aux victimes. Parce que personne d'autre ne le fait. C'est tout le sens de mon engagement"  ceci en gardant fermement la main sur le coeur, sans doute pour vérifier la disponibilité de cet ustensile.

2005  Moi développe lors de ses rencontres avec ses congènères un discours assez confus sur " Dr Who" série télévisée subversive et son producteur bienfaiteur de l'humanité ( au même titre que l'inventeur du Tiramisu )
Doc save the Queen


2006 Décide que côté musique avec Sufjan Stevens, Rachid Taha, Tchaikovski, Prokofiev, Leonard Cohen, Thomas Fersen, The Velvet Underground, The Suprèmes, Houellebecq, Eels, Electrelane, David Bowie, Morrissey, Gershwin,  Bach, Johnny Cash
il a un peu fait le tour c'est bon.


2007 Sa relation au Parti Socialiste s'avère compliqué.

Moi lit "Traité d'athéologie", éclate de rire, devient perplexe quand il s'avère que Mr Onfray est VRAIMENT philosophe.



2009 Crée son Blog, qui se prétend être l'égo de tant de gens.
 
http://roman-intime-et-gauche.over-blog.com/


Porter le poids du monde
lui paraît être la seule voie
pour échapper à la pesanteur.

 

Découvre ceux de Stoni


http://stoni1983.over-blog.com/

ou de Pelote

http://peloton.cowblog.fr/

 Tente de dérober tous leurs trucs.

Décide qu'il est un peu temps,  à son âge, d'arrêter de s'amouracher de tant d'artistes. Rentre dans un cinéma voir un film d'un  réalisateur palestinien, " Le Temps qu'il reste". Murmure dès les premiers plan du film " Ah, Putain-merde, çà recommence".
2010 Déclare, d'un ton pour le moins vindicatif, à un militant UMP lui vantant les charmes du débat sur l'identité nationale que  " Ces lubies de réduire notre identité au fait d'être français ne sont que paresses d'un croque mort ne voulant pas se fouler pour la pierre tombale"